Constatation - Exhortation - conseil - interpellation à venir...
 

 

IN MEMORIAM MARJORIE RAYMOND (1996 - 2011)

 

Suicide de Marjorie Raymond


La mère de Jade soulagée


Première publication 5 juillet 2012 à 22h33

Crédit photo : Facebook et Agence QMI


Par Nicolas Lachance | Agence QMI


La mère de Jade, l'adolescente montrée du doigt pour avoir intimidé Marjorie Raymond, est «soulagée» que le rapport du coroner vienne confirmer ce «que tout le monde savait» à Sainte-Anne-des-Monts.


Sandra Isabel s'est dite heureuse des conclusions du coroner qui déresponsabilisent sa fille présentée après le suicide de Marjorie comme l'intimidatrice à l'origine du drame.


«C'est un soulagement, a-t-elle dit. C'est sûr que c'est un peu tard huit mois après, il y a eu beaucoup de dégâts de faits, mais au moins je suis contente du résultat. C'est un poids de moins.»
La famille de Jade a vécu des semaines d'enfer à la suite du décès de Marjorie Raymond en novembre. Ciblée par l'opinion publique, Mme Isabel affirme que sa fille a été littéralement assaillie de messages haineux. «Ils ont presque poussé une autre à se suicider, sans savoir rien. Ça, je trouve ça épouvantable», a critiqué Mme Isabel.


Des centaines de messages agressifs dans les médias sociaux, mais aussi de nombreux appels menaçants directement à la résidence familiale avaient été reçus dans les semaines suivantes. «La communauté ici ne nous a pas crucifiés sur une croix comme le Québec ou le Canada l'ont fait. Les menaces de mort venaient de l'extérieur», a-t-elle raconté.


Causes multiples


Le coroner vient donc donner raison à la famille de Jade, mais aussi à la direction de l'école qui avait été montrée du doigt pour ne pas être venue en aide à Marjorie. «On avait tout le temps dit que l'école n'était pas coupable et qu'elle avait proposé de l'aide. Je suis très heureuse qu'il en parle [le coroner] et qu'il dise que l'école a proposé de l'aide. Autant la mienne que l'autre n'en voulaient pas d'aide», a expliqué Mme Isabel.


La mère de Jade fait également siennes les conclusions du coroner qui mentionne qu'«un suicide n'est jamais causé par un seul facteur». L'intimidation ne peut donc pas avoir poussé à elle seule Marjorie au suicide, conclut le rapport. «Dans tous les suicides, c'est une accumulation de problèmes qui fait que ça déborde, que tu n'es plus capable», a-t-elle regretté.
Retourner à l'école


Jade n'était pas retournée à l'école à la reprise des classes en janvier en raison de la pression exercée sur elle. L'adolescente avait plutôt poursuivi sa formation à la maison.


Le rapport du coroner, favorable à son endroit, va certainement la convaincre de revenir à l'école Gabriel-Le Courtois, elle qui avait déjà manifesté ses intentions d'y retourner, selon sa mère.

Rapport du coroner


Suicide de Marjorie Raymond: plus que de l'intimidation


Première publication 5 juillet 2012 à 17h51  | Mise à jour : 5 juillet 2012 à 22h40


TVA Nouvelles, Agence QMI


La mère de Jade, l'adolescente montrée du doigt pour avoir intimidé Marjorie Raymond, est «soulagée».


La mort tragique de Marjorie Raymond, l'adolescente de 15 ans retrouvée pendue dans le garage par sa mère le 28 novembre 2011, est le triste résultat d'une longue descente aux enfers qui a débuté lors de son arrivée à Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie en 2008.


Dans le rapport d'enquête sur sa mort, le coroner Jean-François Dorval conclut à une mort violente par autodestruction volontaire, mais soulève également le voile sur les nombreux problèmes que connaissait la jeune fille, et ce, depuis les deux années qui ont précédé son décès.

(Facebook)


Dans son rapport, le coroner n'écorche ainsi jamais l'adolescente qui avait été montrée du doigt dans cette affaire et ne fait aucune recommandation à cet égard.


Le coroner Jean-François Dorval démontre plutôt que Marjorie Raymond a vécu différentes situations problématiques. «Il y avait eu plusieurs altercations au cours des dernières années entre Mme Marjorie Raymond et d'autres étudiantes, mais ce point en est un parmi d'autres facteurs présents dans la vie de Mme Raymond», écrit-il.



(Facebook et Agence QMI)


Parmi ces facteurs, le coroner a notamment souligné le fait que Marjorie Raymond, qui démontrait des signes de dépression majeure, avait toujours refusé l'aide psychologique qui lui avait été proposée.


Le rapport souligne ses difficultés d'intégration à la vie scolaire et des changements dans son rendement scolaire.
 

Multiples tentatives de suicide


Le coroner affirme aussi que la jeune Raymond avait fait antérieurement des tentatives de suicide et elle avait des idées suicidaires peu de temps avant sa mort.


Lors d'une rare rencontre avec le psychologue de son école secondaire, Marjorie Raymond avait confié qu'elle avait tenté de se suicider par noyade et par automutilation à l'été 2008.


«Le 23 novembre, Mme Marjorie Raymond avait mentionné à une de ses amies qu'elle n'était pas bien ici et qu'elle serait mieux là-bas en pointant le ciel» Selon le rapport, «le 23 novembre, Mme Marjorie Raymond avait mentionné à une de ses amies qu'elle n'était pas bien ici et qu'elle serait mieux là-bas en pointant le ciel». La veille de son décès, elle avait envoyé un message texte à un ami lui suggérant qu'elle mettrait fin à ses jours.


Les analyses toxicologiques ont également permis de constater que l'adolescente avait consommé de la marijuana peu de temps avant de s'enlever la vie.

La mort de l'adolescente, victime d'intimidation et de violence à l'école, avait créé un énorme débat de société au Québec. Une loi a même été votée par le gouvernement Charest pour contrer l'intimidation à l'école.

Crédit photo : Facebook En mémoire de Marjorie Raymond

Journée contre l'intimidation Mission accomplie

Première publication 8 décembre 2011 à 18h46

Crédit photo : Gracieuseté

Par Josée Cloutier | TVA Nouvelles

La jeune Émilie Rémillard, 14 ans, de Thetford Mines, peut dire «mission accomplie».

L'instigatrice de la journée spéciale contre l'intimidation a reçu aujourd'hui des appuis de partout au Québec. Il y a quelques jours, l'adolescente avait lancé un appel sur Facebook, invitant les gens à porter un brassard blanc, en hommage à la jeune Marjorie Raymond qui s'est enlevé la vie, la semaine dernière. L'initiative avait pour but de dénoncer l'intimidation.

Des écoles des régions de l'Amiante, des Bois-Francs, de Québec et de Montréal ont emboîté le pas. Des gens en entreprises ont aussi signifié à l'adolescente avoir porté le brassard en signe de solidarité. En fin d'après-midi plus de 1500 personnes avaient adhéré à la page Facebook créée spécialement pour l'événement.



(Gracieuseté)

L'adolescente a été reçue à l'hôtel de ville de Thetford Mines où les fonctionnaires ont salué son geste. Le personnel de l'hôtel de ville ne s'est pas fait prié pour porter le brassard tout au long de la journée. Elle aura reçu un accueil tout aussi chaleureux au Cégep de Thetford Mines où les jeunes ont dit vouloir briser le silence qui entoure trop souvent cette forme de violence.

La jeune fille aura porté son message sur plusieurs tribunes.

Elle a émis un souhait: que la journée du 8 décembre devienne une journée nationale contre l'intimidation.
 


Intimidation à l'école Bonification du plan d'action pour 2012?

Première publication 7 décembre 2011 à 13h02

Crédit photo : Journal de Québec

TVA Nouvelles

Quatre jours après les funérailles de Marjorie Raymond, l'adolescente victime d'intimidation qui s'était suicidée le 28 novembre dernier, Pauline Marois, la chef du Parti québécois a demandé une fois de plus au gouvernement Charest de bonifier le plan d'action pour contrer la violence et l'intimidation à l'école.

La chef de l'opposition officielle a également fait état de deux histoires médiatisées récemment de cas d'intimidation qui auraient dégénéré. Elle a mentionné cette histoire d'un jeune de Trois-Rivières qui aurait été battu, et de cet autre adolescent de 17 ans, attaqué à l'arme blanche dans une école de Thedford Mines.

La semaine passée, le Parti québécois avait proposé de bloquer les comptes Facebook de jeunes responsables d'actes d'intimidation ou d'agression.

Mercredi Mme Marois a jugé que le gouvernement ne pouvait défendre un plan inefficace et incomplet, tel qu'il existe présentement. À l'Assemblée nationale, elle a invectivé le gouvernement : «J'attends du premier ministre qu'il prenne l'engagement d'un plan bonifié au début de l'année.»

Jean Charest a dit ne pas être en désaccord avec la chef du Parti québécois sur ce dossier.

Le gouvernement québécois donne actuellement six millions aux commissions scolaires afin que les mettent en place des programmes pour contrer l'intimidation dans les établissements scolaires.


«On va continuer à revoir les gestes que nous pouvons poser, a souligné en chambre Jean Charest.

J'en profite pour interpeller tous les membres de la société qui ont tous un rôle à jouer.

On y arrivera à condition que tout le monde mette l'épaule à la roue.»

La ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, avait également entrepris des consultations au printemps dernier concernant la problématique de l'intimidation dans les écoles.

Selon ce que TVA Nouvelles a appris, ce plan d'action pour contrer la violence et l'intimidation dans les écoles devrait être bonifié au début de 2012.
 


Intimidation à Trois-Rivières L'agresseur de 13 ans accusé

Première publication 6 décembre 2011 à 11h22 Mise à jour : 6 décembre 2011 à 19h42

Crédit photo : TVA Nouvelles TVA Nouvelles avec Agence QMI

L'adolescent de 13 ans qui se serait attaqué physiquement et verbalement à un autre adolescent à Trois-Rivières au cours des deux dernières semaines a formellement été accusé mardi après-midi de voies de faits, de menaces et de bris de promesse au palais de justice de Trois-Rivières après avoir passé une première nuit en prison.

Le présumé agresseur a été arrêté lundi soir après avoir contrevenu aux conditions que lui avaient posées les policiers à la suite d'une première plainte de la victime à son endroit.

La mère de l'adolescent qui aurait été frappé s'était confiée à TVA Nouvelles en voulant dénoncer l'enfer que vivait son fils à l'école. Celui-ci était devenu le souffre-douleur d'une bande de jeunes depuis le début de l'année scolaire.

La famille de ce présumé «intimidateur» donne une toute nouvelle version des évènements entourant l'agression de l'adolescent de 13 ans. Elle affirme que la victime avait déjà agressé le petit frère de celui qui est désormais montré du doigt comme étant l'agresseur.

D'ailleurs, le beau-père de l'accusé a dit mardi que celui-ci avait demandé à être isolé durant la journée d'école de lundi pour ne pas se retrouver en présence de la victime sur le terrain de l'école. Il serait entre autres allé dîner à une heure différente. «Je ne comprends pas pourquoi il l'aurait par la suite attaqué à la sortie des classes alors qu'il a fait exprès de l'éviter durant tout la journée», a questionné la mère du présumé agresseur.

Le jeune homme fait face à six chefs d'accusations au total. La Couronne s'étant opposée à sa libération, il restera détenu jusqu'à son enquête sur remise en liberté prévue mercredi.
 


Intimidation à Trois-Rivières «Ton fils est pas mieux que mort»

Première publication 5 décembre 2011 à 12h51 Mise à jour : 5 décembre 2011 à 19h03

Crédit photo : TVA Nouvelles

La mère de l’adolescent intimidé racontant à TVA Nouvelles le calvaire de son fils de 13 ans

TVA Nouvelles

Pour une deuxième fois en deux semaines, un adolescent de 13 ans s'est fait battre à Trois-Rivières. Sa mère a dénoncé l'intimidation dont il est victime et ses agresseurs s'en sont pris une nouvelle fois à lui.

Dans la foulée du suicide de Marjorie Raymond, une Trifluvienne a confié de façon anonyme à TVA Nouvelles que son fils était en quelque sorte le souffre-douleur d'une petite gang depuis le début de l'année scolaire.

Le lendemain du reportage, vendredi dernier, un des adolescents intimidateurs s'en est donné à cœur joie. Au sortir de l'école, il a battu le jeune homme dans la rue et l'a même suivi à l'intérieur du domicile familial. La gardienne l'a chassé, et les parents ont porté plainte pour voies de fait et introduction par effraction.

«Les jeunes voulaient lui faire consommer de la drogue et lui faire faire des mauvais coups, mais il ne voulait pas»

«Il lui a rentré la tête dans un mur de ciment, mon fils est ensuite rentré dans la maison et le jeune en question est venu le tapocher jusque dans la maison, chez moi», explique la mère de l'adolescent.

Quelque 24 heures plus tard, l'adolescent est retourné chez la victime et s'est montré menaçant envers sa mère. «Ton fils est pas mieux que mort, a raconté la maman. Il ne croira pas à ça lundi matin, à moins que je le pogne en fin de semaine.»

La mère a immédiatement téléphoné aux policiers. Une nouvelle plainte, cette fois pour menaces de mort, a été déposée. L'agresseur de 14 ans doit respecter certaines conditions en attendant la suite des procédures judiciaires. Il ne doit pas entrer en contact avec la victime, ni se trouver à proximité de son domicile.

Pourtant, l'adolescent est retourné voir la victime à la sortie des classes, vers 16h lundi, et a de nouveau proféré des menaces. Il lui a promis de lui «arranger le portrait dans l'autobus».

La police devait retourner voir l'adolescent durant la soirée, car en entrant en contact avec la victime, celui-ci n'a pas respecté les conditions qui lui étaient fixées. Le jeune devait être arrêté et transporté au centre de police. Le centre jeunesse devait ensuite décider si l'adolescent restera détenu jusqu'à sa comparution, fixée mardi matin, ou relâché, pour une comparution plus tardive.

Début de l'intimidation

La maman sait exactement quand a commencé l'intimidation de son fils. «Les jeunes voulaient lui faire consommer de la drogue et lui faire faire des mauvais coups, mais il ne voulait pas et il a dit non. C'est tout le temps [qu'il se fait intimider]. Quand ce n'est pas un, c'est un autre de la gang.»

Suivi par les membres de la petite bande qui l'intimide, il y a une quinzaine de jours, l'adolescent s'est réfugié dans un dépanneur. Il a demandé à une caissière s'il pouvait appeler ses parents ou la police afin qu'ils viennent le chercher, mais cette dernière aurait refusé.

Selon la mère, elle aurait argué qu'elle n'avait pas à se mêler des chicanes d'adolescents et que le flânage n'était pas toléré à l'intérieur du commerce. Quand il est sorti du dépanneur, l'adolescent s'est fait tabasser par le groupe de jeunes.

La femme de Trois-Rivières n'en revient toujours pas qu'un adulte n'ait pas voulu aider son enfant en danger.

Le dépanneur a dit ne pas être au courant de l'incident. Des démarches ont été entreprises pour obtenir la version des faits de l'employée et les bandes de vidéosurveillance ont été demandées, pour des fins d'analyse.
 



Jasmin Roy prête sa voix Une chanson pour que cesse l’intimidation

Première publication 4 décembre 2011 à 21h29

Crédit photo : Gracieuseté

Megafon

Par Emmanuel Delacour | Agence QMI

Toujours ému du suicide de Marjorie Raymond, survenu la semaine dernière, à Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie, le comédien Jasmin Roy a prêté sa voix à une chanson dénonçant l'intimidation et le harcèlement.

La pièce, intitulée «Gouffre douleur», a été composée par les membres du groupe hip-hop Megafon, qui ont décidé d'utiliser ce médium pour sensibiliser les jeunes aux conséquences de l'intimidation.

Connaissant déjà Jasmin Roy et sa fondation luttant contre l'intimidation, Jean Sébastien Lozeau, alias Kosmik, l'a approché pour qu'il participe à ce projet. Celui-ci n'a pas hésité une seconde avant de dire oui.

«Dès que j'ai vu le contenu de la chanson, j'ai accepté d'y collaborer. J'y ai même apporté un peu de ma contribution, en demandant que l'on aborde le sujet de l'homophobie, par exemple. Cependant, l'ensemble du texte a été composé par M. Lozeau et m'a beaucoup touché à la première lecture», a mentionné M. Roy.

Celui-ci admet avoir été bouleversé par les événements récents.

«Cette semaine a été très émotive pour moi, mais je crois qu'il était important de passer un message et cette chanson est un bon médium à mon avis», a expliqué M. Roy.

Une fin de semaine haute en émotions

Jasmin Roy était aussi présent lors de la cérémonie soulignant la mise en terre des cendres de Marjorie Raymond, samedi, à Granby. Une soixantaine de proches se sont réunis en début d'après-midi au cimetière catholique de Granby pour saluer une dernière fois l'adolescente.

L'atmosphère était aussi au recueillement la veille, lors d'une cérémonie à la mémoire de l'adolescente dans sa ville natale, à Sainte-Anne-des-Monts.

De plus, une marche contre l'intimidation a été dédiée à Marjorie Raymond, samedi après-midi, au parc Maisonneuve, à Montréal.

Quelque 200 personnes y ont participé. Parmi celles-ci étaient présents les parents de David Fortin, disparu depuis février 2009, et le frère de Francis Laforest, tué en 2000.


 

Le dimanche 4 décembre 2011 Violence envers les profs

La ministre se dit «inquiète»

Sarah-Maude Lefebvre Le Journal de Montréal

18/10/2011 06h23 

À bout de souffle et découragée par l’inaction du ministère de l’Éducation et des commissions scolaires, Julie Boisvert, songe à quitter son métier d’éducatrice spécialisée.

© Pierre-Paul Poulin/Journal de Montréal/Agence QMI

Au lendemain de la parution d'un dossier dans nos pages sur le phénomène de la violence dans le réseau scolaire, la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp se dit «inquiète» et promet que le plan ministériel de lutte à la violence sera «bonifié» en fonction des besoins des enseignants.

«Ça m'inquiète. N'importe qui lirait les histoires relatées (dans l'édition d'hier) se sentirait interpellé», a-t-elle confié en entrevue au Journal.

«Mais c'est aussi le reflet d'une société. Il faut être conscient que ce n'est pas seulement l'école qui pourra régler le problème des manifestations de violence chez les jeunes.»

De nouvelles mesures

Quant à son plan de lutte contre la violence en milieu scolaire, la ministre Beauchamp affirme être «consciente» de la grogne qu'il a suscitée au sein des enseignants et promet de le «bonifier» au cours de la prochaine année.

«Il y a des ajustements à venir et je suis ouverte aux propositions, affirme-t-elle. J'ai déjà ajouté une année supplémentaire au plan qui devait initialement durer trois ans. Je suis consciente que nous ne pouvons pas y mettre fin. Je vais voir comment nous pourrions le bonifier.»

Comme le système actuel de collecte de données sur les incidents de violence ne fonctionne guère, la ministre Beauchamp a d'ailleurs demandé à une équipe de l'Université Laval de reprendre l'exercice, ce qui sera fait au cours de la prochaine année.

«On s'en fout de la violence»

Témoin d'actes de violence à de nombreuses reprises et victime de harcèlement de la part d'un élève, une jeune éducatrice spécialisée interpelle le ministère de l'Éducation, lasse d'être laissée seule à elle-même.

«Toi, tu vas te faire battre».

Ces mots-là ont longtemps résonné dans la tête de Julie Boisvert, une éducatrice spécialisée de 29 ans.

Il y a quelques mois, un groupe d'élèves l'a menacée à la sortie des classes, alors qu'elle rentrait à la maison.

«J'ai couru jusqu'à la station de métro, raconte-t-elle. À l'intérieur du wagon, je regardais sans cesse autour de moi. J'étais terrifiée».

Cet événement fut pour Julie Boisvert la goutte qui a fait déborder le vase. Découragée, elle a quitté l'emploi qu'elle occupait dans une polyvalente de Montréal.

«J'étais tannée, dit-elle. C'était vraiment violent à cette école. Ma collègue a vu une fille se faire fracasser la tête contre le sol par un autre élève, sur l'heure du midi à la cafétéria. Et il n'y a eu aucune conséquence. C'est frustrant.»

Des situations évitables

Quand on demande à Julie Boisvert quels ont été les impacts du plan de lutte à la violence du ministère de l'Éducation dans les écoles, cette dernière s'esclaffe.

«Le plan? Quel plan? On ne s'occupe pratiquement pas de la violence et de l'intimidation dans les écoles. Il n'y a pas assez de mesures concrètes et il manque de personnel», dénonce-t-elle.

«C'est bien beau d'avoir une politique pour contrer la violence, mais encore faut-il que cela ait des impacts. Il y a trop de situations qui auraient pu être évitées si on s'en souciait un peu.»

Bien qu'elle affirme ne pas être «amère», la jeune femme songe de plus en plus à quitter son métier.

«C'est trop difficile. À mon dernier emploi, les quatre éducatrices qui sont passées avant moi ne sont pas restées plus de quelques mois. Tout est devenu problématique.»

* * *

Le Journal est allé à la rencontre de directeurs d'école pour connaître l'impact réel, dans leurs écoles, du plan d'action contre la violence lancé par le ministère de l'Éducation.

«TOUT ÇA POUR ÇA»

À Sorel-Tracy, le directeur de l'école secondaire Fernand-Lefebvre, Sylvain Cloutier, considère qu'il a reçu peu de ressources pour lutter contre cette problématique, en regard de ce qu'il a dû fournir comme effort.

«On nous a demandé de dresser un portrait de la situation dans notre école, raconte-t-il. Cet exercice nous a permis de voir ce que l'on devait travailler davantage, mais ça nous a amené un surplus de travail important. Or, il me semble que tout bon plan doit s'accompagner de ressources.»

Au total, sa commission scolaire a reçu un montant de 34 000$. La moitié de cette somme a servi à payer les services à temps partiel d'un psychoéducateur, qui alterne son temps entre les écoles de la commission scolaire. L'autre partie a été investie dans l'accompagnement des jeunes qui sont suspendus de leur école.

«Ce n'est pas assez. Je suis déçu. On dirait que c'est parti d'en haut et que rien ne s'est rendu en bas, aux écoles. Si on veut avoir un impact auprès des jeunes, il faut que quelqu'un soit dédié à cette problématique quotidiennement. Actuellement, on ne règle rien», déplore M. Cloutier.

«IL N'Y AVAIT PAS ASSEZ D'ARGENT»

Même son de cloche de la part d'un autre directeur, Dominic Flamand, qui n'a pas reçu un sou dans son école. L'argent du plan gouvernemental a été utilisé par sa commission scolaire pour organiser des formations.

«Il n'y avait pas assez d'argent pour faire autre chose, comme engager un nouvel intervenant. Je ne blâme pas ma commission scolaire. Ils ont fait ce qu'ils pouvaient avec aussi peu de ressources», explique celui qui dirige l'école primaire Mgr-Feuiltault à Sainte-Marie, en Beauce.

«Ce qui me fatigue avec le plan d'action du ministère, c'est qu'on n'avait pas besoin de ça pour réaliser que la violence est une préoccupation importante dans nos écoles, confie M. Flamand. L'état de la situation que j'ai dû leur envoyer a juste confirmé ce que je savais.»

Même s'il n'avait pas d'attentes envers le plan du ministère, le directeur croit que les choses auraient pu être faites autrement.

«Il faut travailler davantage en concertation. Ça donne quoi d'organiser des ateliers avec des victimes d'intimidation si le CLSC (Centre local de services communautaires) le fait déjà? Ne travaillons pas en double. Il y a un proverbe africain qui dit que ça prend tout un village pour élever un enfant. Retrouvons cet esprit de collaboration.»



Une marche contre l'intimidation pendant l'enterrement de Marjorie Raymond

Publié le 03 décembre 2011 à 16h49 | Mis à jour le 03 décembre 2011 à 18h52

Cette manifestation avait été prévue avant même de l'annonce de la tragédie dont fut victime la jeune Marjorie.

Photo: Marco Campanozzi, La Presse

  Hugo Prévost La Presse Canadienne Montréal

Alors qu'une cérémonie était organisée pour honorer la mémoire de la jeune Marjorie Raymond, qui s'est enlevée la vie plus tôt cette semaine, environ 200 personnes ont participé à une marche, samedi à Montréal, pour dénoncer l'intimidation sous toutes ses formes.

Les manifestants, qui défilaient au Parc Maisonneuve, dans l'est de la métropole, alors que l'adolescente était portée en terre à Granby, ont plaidé en faveur de l'instauration d'un programme gouvernemental pour lutter contre le phénomène de l'intimidation. Certains marcheurs ont décrié l'utilisation des réseaux sociaux tels que Facebook comme plateformes facilitant l'intimidation chez les jeunes.

Cette manifestation avait été prévue avant même de l'annonce de la tragédie dont fut victime la jeune Marjorie.

«En raison de ce qui est arrivé à Marjorie, malheureusement, nous avons décidé de la dédier à sa mémoire», explique Isabelle Marchand, l'organisatrice de la marche.

Selon cette mère de famille, qui parcourt le Québec en organisant des manifestations semblables avec son fils depuis que celui-ci a également été victime d'intimidation, il faut que les Québécois agissent pour lutter contre le phénomène.

«Il faut sensibiliser la population à agir tous ensemble, explique-t-elle. Oui, j'organise des marches avec Maxime [son fils] , mais ce n'est pas à nous deux que nous allons pouvoir changer les choses.»

Adapter les règlements scolaires

Au dire de Mme Marchand, il est essentiel que les professeurs et la direction des écoles discutent avec les parents pour mieux adapter les règlements scolaires afin de combattre le phénomène. Mme Marchand précise toutefois que certaines écoles s'attaquent déjà à ce problème, mais que beaucoup reste encore à faire dans le domaine.

De son côté, le comédien Jasmin Roy, qui a mis sur pied une fondation pour lutter contre l'intimidation en milieu scolaire, précise avoir été invité par les parents de Marjorie Raymond à assister à l'enterrement de l'adolescente.

Selon lui, sa présence dans les médias depuis quelques années pourrait être utile pour la mère de Marjorie pour éviter que la mort de sa fille ne soit «inutile». «Je ne m'attendais pas à être invité à assister à l'enterrement d'une petite fille qui s'est suicidée après avoir été victime d'intimidation, ça me trouble, je suis un peu perturbé aujourd'hui», dit-il au téléphone.

M. Roy dit également s'attendre à «être le bouclier» de la famille Raymond, qui désire se recueillir dans l'intimité. «Tout de suite, quand j'ai reçu l'invitation, je me suis senti interpellé et j'ai senti l'obligation d'être là. J'ai annulé tout ce que j'avais aujourd'hui pour être là et lancer un message positif.»

Pour le comédien, la mobilisation des jeunes est plus que nécessaire pour réduire les risques de voir se répéter une tragédie semblable.

Par ailleurs, une cinquantaine de proches ont assisté à l'enterrement de Marjorie Raymond à Granby. L'adolescente reposera aux côtés d'un de ses arrière-grands-pères. Sa mère, qui a rencontré les journalistes, s'est dite satisfaite des effets qu'a provoqués sa sortie contre l'intimidation.



Intimidation à l'école Une marche dédiée à Marjorie

Première publication 3 décembre 2011 à 10h48 Mise à jour : 3 décembre 2011 à 14h52

Crédit photo : Agence QMI

Maxime Collard, initiateur de la marche Non à l'intimidation, pose lors de l'événement aujourd'hui à Montréal

TVA Nouvelles

Prévue bien avant le drame qui a secoué le Québec cette semaine, une marche pour dénoncer l'intimidation était dédiée à Marjorie Raymond, cet après-midi, au parc Maisonneuve, à Montréal.

Quelque 200 personnes y ont participé. Parmi elles: les parents de David Fortin, disparu depuis février 2009, et le frère de Francis Laforest, tué en 2000.

Ayant déjà organisé plusieurs événements pour dénoncer cette forme de violence, Maxime Collard, qui en a lui-même été victime, a reconnu que celui de samedi avait un sens particulier.

Le jeune Maxime Collard cet après-midi au parc Maisonneuve à Montréal (Agence QMI)

«Marjorie est décédée à cause de l'intimidation et aussi parce que c'est un fléau qui prend de plus en plus d'ampleur dans nos écoles», a dit le garçon de 13 ans en entrevue.

Maxime a lui-même eu des pensées noires, il n'y a pas si longtemps.

«Le 4 avril dernier, j'avais écrit sur ma page Facebook que j'étais écœuré de la vie, qu'on n'arrêtait pas de m'écœurer et que je voulais me suicider. Quand ma mère a vu ça en après-midi, elle a fondu en larmes. Quand je suis arrivé de l'école, elle a envoyé mes frères jouer dehors, on s'est parlé, je lui ai tout expliqué.»

Pour Maxime, lancer ce message de détresse sur Facebook était une façon de briser le cycle de l'intimidation.

«Il y avait beaucoup de mes contacts Facebook qui étaient à mon ancienne école. Je voulais leur montrer ça pour qu'ils arrêtent de m'écœurer, parce que j'y pensais vraiment», a-t-il ajouté.

Un combat loin d'être fini

«On veut dire à nos jeunes qu'on est avec eux et qu'ils doivent continuer de se battre», a lancé Chantal Marchand, mère de Maxime, au cours de la marche.

L'un des marcheurs, Claude Lafortune, connu pour les émissions «L'évangile en papier» et «Parcelles de soleil», a souligné que les enfants acceptent difficilement d'être rejetés: «Lorsqu'ils sont gros ou malades, les enfants acceptent plus facilement leurs problèmes de santé que le rejet de la part de leur confrère.»

Plusieurs marcheurs présents ont déjà vécu de l'intimidation. «J'ai été intimidée au secondaire, a expliqué une femme. Les adolescents n'ont pas conscience de la portée de leurs mots», a-t-elle dit.

Des gens interrogés sur place ont affirmé qu'une marche à suivre claire de la part des commissions scolaires et des directions d'école auraient pu sauver Marjorie Raymond. «Peu importe les agissements des parents envers leurs enfants, ce sont aux établissements scolaires de mettre des règles et les renforcer», a estimé Kim Labrecque.

D'accord avec cette idée, Michel Aboud a noté que la famille a un rôle important à jouer : «J'ai toujours dit que l'instruction commence à la maison. Ce sont les parents qui doivent donner certains principes à leurs enfants.»

Maxime et sa mère Chantal dirigeront deux autres marches d'ici Noël pour dire non à l'intimidation: le 11 décembre à Boucherville, et le 17 à Gatineau.

Ils sont aussi à l'origine d'une pétition de 3800 noms qui sera bientôt déposée à l'Assemblée nationale pour inciter les élus à agir dans le dossier de l'intimidation.

Line Beauchamp salue les initiatives dénonçant l'intimidation

«L'intimidation est purement intolérable», a déclaré la vice-première ministre et ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, aujourd'hui, dans un communiqué.

«L'intimidation n'a pas sa place à l'école et nous devons tout faire pour la combattre», a affirmé Mme Beauchamp, qui a aussi salué les initiatives citoyennes pour dénoncer l'intimidation, à la suite du suicide de Marjorie Raymond.

«Il ne faut pas hésiter à le dire et à dénoncer le phénomène chaque fois qu'on en est témoin, a insisté la ministre. Beaucoup de jeunes en sont victimes en silence. Beaucoup d'adultes portent encore des séquelles de la violence physique ou verbale dont ils ont fait l'objet à l'école. Nous devons donc réagir et le faire collectivement, parce que ça concerne tout le monde.»

«Si nous voulons combattre efficacement l'intimidation, le taxage, le racisme, l'homophobie et toute autre forme de discrimination, il faut d'abord et avant tout en parler, a ajouté la ministre. C'est en brisant le silence et en faisant appel à la solidarité que nous parviendrons à enrayer ces comportements abusifs qui n'ont pas leur place à l'école.»



10+1 avec Jasmin Roy

Publié le 03 décembre 2011 à 11h01 | Mis à jour le 03 décembre 2011 à 11h01

Photo François Roy, La Presse

Description : http://images.lpcdn.ca/56x37/201105/06/328500.jpg

Nathalie Collard
La Presse

Chaque semaine, Nathalie Collard rencontre une personnalité qui s'est retrouvée au premier plan médiatique et lui pose 10 questions en lien avec la couverture dont elle a été l'objet. La 11e question provient du public. Cette semaine, dans la foulée du suicide de la jeune Marjorie Raymond, notre journaliste s'entretient avec Jasmin Roy, acteur, animateur et créateur d'une fondation qui porte son nom et qui lutte contre l'intimidation en milieu scolaire.

1. Que peuvent faire les écoles quand elles sont aux prises avec une situation d'intimidation ou de violence entre élèves? 

Elles doivent considérer le problème de façon très sérieuse, enquêter et faire le portrait de la situation. Il ne faut pas seulement intervenir auprès de la victime, il faut également s'intéresser à l'agresseur. Quant à la victime, elle doit savoir quelles sont les ressources à sa disposition. Lorsqu'on est victime, on ne sait pas où aller frapper pour dénoncer l'agresseur. 

2. Les directions d'école sont-elles assez sévères à l'endroit des élèves coupables d'intimidation? 

Souvent, on se contente d'une sanction comme l'expulsion de l'école durant deux jours. Il faudrait aussi montrer à ce jeune des comportements de remplacement. Or, nos écoles sont mal outillées pour montrer ça. Ensuite, lorsqu'on s'est entendu sur des conséquences, il faut les appliquer. Lorsqu'elles sont sévères, le comportement a tendance à se résorber. Mais encore faut-il les appliquer. Et augmenter la sévérité des conséquences quand il y a récidive. 

3. Les réseaux sociaux comme Facebook deviennent un amplificateur dans ce contexte. Que peut faire une école pour tenter de maîtriser la situation? 

D'abord, organiser des rencontres avec les élèves. Les policiers sont très actifs dans ce domaine et visitent les écoles pour sensibiliser les enfants. C'est gratuit. D'un autre côté, les parents doivent être interpellés, car la cyberintimidation, ça commence à la maison. Il y a un contrôle parental à exercer et, pour le moment, il n'est pas là. 

4. Les écoles devraient-elles avoir le droit d'intervenir sur les réseaux sociaux, selon vous? 

Franchement, ce n'est pas à l'école de faire ça, à moins que ça se passe à l'école. Quand il y a menace, il faut aller voir la police, c'est à elle de s'en occuper. 

5. Vous avez lancé une campagne visant spécialement l'intimidation chez les filles. En quoi est-elle différente de celle entre garçons? 

Actuellement, il n'existe pas une seule donnée là-dessus au ministère de l'Éducation. Ce que je sais, c'est que les garçons se définissent souvent par leur force physique, leur capacité à se défendre, alors que chez les filles, ça se joue sur la réputation et l'apparence physique. Il faudrait un portrait clair de la situation, avec des données. Une chose que l'on sait, c'est que la violence est en augmentation chez les filles, elles se battent dans la cour d'école, en plus de se traiter de vache, de chienne... 

6. Que pensez-vous de la médiatisation des détails du suicide de Marjorie Raymond, de la publication de la lettre à sa mère, etc. Est-on allé trop loin? 

C'était inutile d'aller jusque-là pour se réveiller, mais en même temps, une fois qu'on y est, on peut souhaiter que cela contribue à ce que cette jeune fille ne soit pas morte pour rien. Sa mère est assez exceptionnelle d'aller sur la place publique pour en parler, la plupart des parents dont l'enfant s'est suicidé à cause de l'intimidation n'ont pas cette force. 

7. Que pensez-vous de la couverture médiatique jusqu'ici? 

Honnêtement, je suis content qu'on en parle. Ce qui me déçoit, c'est le positionnement politique. J'aurais aimé ça qu'on dise: à partir d'aujourd'hui, on va s'en occuper. En Ontario, le premier ministre vient d'annoncer un projet de loi très sévère contre l'intimidation. J'aurais aimé qu'au Québec, on dise: on va mettre sur pied un projet de loi semblable, cela aurait envoyé un signal fort. Pour l'instant, le travail des policiers est très difficile, car il y a un vide juridique autour de l'intimidation. S'il n'y a pas de voies de fait, ils ne peuvent rien faire. 

8. Selon vous, que peuvent faire les médias à propos de la question de l'intimidation? 

J'aimerais qu'ils s'intéressent au plan d'action gouvernemental pour les années 2008 à 2011. Le gouvernement avait alloué 17 millions de dollars. Où est allé cet argent? Personne ne le sait. J'aimerais qu'on demande les états financiers et qu'on nous dise où sont allés tous ces millions. 

9. Selon vous, les parents sont-ils suffisamment informés et sensibilisés quant à la question de l'intimidation? 

Non, il y a beaucoup d'ignorance de la part des parents. Ils ne savent pas comment intervenir et créer un lien avec les écoles. Quant aux parents d'agresseurs, ils ne veulent pas voir le problème. 

10. Que pourrait-on faire pour les informer davantage? 

Peut-être devrait-on lancer une campagne nationale pour informer les gens. Le gouvernement devrait également offrir une formation gratuite sur les réseaux sociaux à tous les parents. 

TWITTER+1 Comment «détecter» que son enfant est un intimidateur? 

Souvent, des enfants vont avoir des comportements à l'école - pour socialiser et se faire des amis - qu'ils n'auront pas à la maison. Il faut donc en parler et, surtout, écouter les professeurs quand ils nous appellent. Il faut le prendre au sérieux et accepter que notre enfant puisse être sage à la maison et complètement différent à l'école.



Marjorie Raymond portée à son dernier repos à Granby

Publié le 03 décembre 2011 à 07h43 | Mis à jour le 03 décembre 2011 à 07h43

 

Marjorie Raymond

La Presse Canadienne
Granby, Québec

Marjorie Raymond, cette adolescente qui s'est enlevée la vie cette semaine à Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie, sera portée à son dernier repos samedi après-midi dans sa ville natale de Granby, en Montérégie.

Une brève cérémonie privée aura lieu dans un cimetière lors de la mise en terre de l'urne contenant les cendres de l'adolescente de 15 ans, dont le suicide a ému tout le Québec.

Vendredi, des élèves de la polyvalente Gabriel-Le-Courtois, que fréquentait l'adolescente, ont tenu une cérémonie en sa mémoire. Des centaines de ballons blancs ont été largués de la cour de l'école.

La mort de Marjorie Raymond a relancé le débat sur la lutte à l'intimidation en milieu scolaire. Une marche doit d'ailleurs se tenir samedi au parc Maisonneuve, à Montréal, pour dénoncer l'intimidation.

3 décembre 2011 07:34

Invitation aux médias - Marjorie Raymond portée aujourd'hui à son dernier repos - Cri du cœur d'une mère en deuil pour sensibiliser la population aux conséquences de l'intimidation

MONTRÉAL, le 3 déc. 2011 /CNW Telbec/ - Les membres de la famille de Marjorie Raymond, qui s'est enlevé la vie lundi dernier à Sainte-Anne-des-Monts, lui rendront aujourd'hui un dernier hommage à Granby, sa ville natale. La mère de Marjorie, Chantal Larose, acceptera pour l'occasion de rencontrer les représentants des médias.

Voici les détails entourant la présence des représentants des médias à cet événement :  

Cérémonie en l'honneur de Marjorie Raymond  

Samedi 3 décembre 2011  

Cimetières catholiques de Granby  

460, Dufferin  

Granby  

(La cérémonie se déroulera  dans l'allée la plus à l'ouest du cimetière, celle qui longe le Zoo)  

13h10

Arrivée de la famille  

13h15  

Déclaration de la mère de Marjorie Raymond, Mme Chantal Larose  

Réponse aux questions des journalistes  

13h30  

Courte cérémonie de mise en terre  

(prise d'images permise)  

13h45  

Rencontre de M. Jasmin Roy avec les journalistes  

Comédien et président de la Fondation Jasmin Roy dont la mission est de lutter contre l'intimidation en milieu scolaire et de soutenir les
victimes de violence à l'école.

La famille souhaite ensuite se retirer pour vivre le reste de cette épreuve dans l'intimité.

Renseignements :

Madame Chantal Larose ne sera pas disponible pour entrevues au cours de la journée.

Prière de confirmer votre présence.

SOURCE : Famille Raymond-Larose  



Décès de Marjorie Raymond Le message de tolérance de sa mère

Première publication 3 décembre 2011 à 07h26 Mise à jour : 3 décembre 2011 à 15h48

Crédit photo : Agence QMI

Famille et amis se sont réunis au moment de porter Marjorie Raymond à son dernier repos, aujourd'hui, à Granby, en Montérégie, sa ville d'origine

Agence QMI avec TVA Nouvelles

Une cérémonie empreinte de solennité, d'émotion, mais aussi d'espoir a marqué la mise en terre des cendres de Marjorie Raymond, aujourd'hui, à Granby. Ses proches souhaitent que le suicide de l'adolescente de 15 ans éveille les consciences quant à l'intimidation.

Une soixantaine de proches se sont réunis en début d'après-midi, ce samedi, au cimetière catholique de Granby, pour saluer Marjorie une ultime fois. L'atmosphère était au recueillement lors de la cérémonie au cours de laquelle on a porté à son dernier repos l'adolescente de Sainte-Anne-des-Monts, qui s'est enlevé la vie lundi après avoir été victime d'intimidation.



(Agence QMI)

«Faites la paix entre vous», a dit Chantal Larose au cours d'un bref point de presse. «La jeune fille sur qui on s'acharne ces temps-ci, c'est contre le combat que je mène», a-t-elle précisé, faisant référence à l'adolescente montrée du doigt avec une extrême sévérité depuis quelques jours, notamment sur les médias sociaux, pour avoir intimidé Marjorie.

«On dit souvent qu'on a une mission dans la vie, la mission de Marjorie est le combat pour l'intimidation», a-t-elle indiqué, voyant dans cette tragédie un tournant.

«Je suis sûre que la situation va changer. Ça ne peut pas rester comme ça, pas avec le geste que Marjorie a posé», a indiqué Chantal Larose.



(Agence QMI)

Le père de l'adolescente, Mario Raymond, a porté l'urne contenant les cendres de la défunte jusqu'à la tombe.

À la demande de Marjorie, un texte laïc a été lu, puis les proches ont été invités à se recueillir un moment en touchant l'urne, qui a ensuite été mise en terre.

Les personnes présentes ont déposé des gerberas, la fleur préférée de la jeune fille, avant de quitter le cimetière à pas feutrés, souvent dans le silence, parfois dans les larmes.

Manque de ressources

Le comédien Jasmin Roy, dont la fondation lutte contre l'intimidation en milieu scolaire, était sur place à la demande de la famille.

«Chantale est la femme la plus brave qu'on a présentement au Québec, elle se tient debout malgré tout ça», a-t-il déclaré.

Jasmin Roy a visiblement été ébranlé par la cérémonie et la semaine qu'il vient de vivre.

«La Fondation et Tel-Jeunes ont été bombardés d'appels cette semaine, a-t-il relaté après la cérémonie, les yeux rougis. Je ne crois pas qu'il y ait assez de ressources dans les écoles. Sinon, pourquoi avons-nous eu autant d'appels?»



Marjorie Raymond (Courtoisie)

Il a lancé un cri du cœur à la classe politique, mais aussi à l'ensemble des citoyens, pour qu'ils agissent afin qu'une telle situation ne se reproduise pas. «Les citoyens peuvent s'occuper des écoles, s'impliquer davantage, par exemple dans les comités de parents. On a besoin de l'ensemble de la population», a-t-il déclaré.

La dépouille Marjorie a été incinérée jeudi à Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie, où elle habitait, et l'urne contenant ses cendres a été inhumée, aux côtés de son grand-père maternel, tel qu'elle le désirait, à Granby, sa ville d'origine.



(Agence QMI)



Mort de Marjorie Raymond: «Elle voulait que tout le monde l'aime»

Publié le 03 décembre 2011 à 05h00 | Mis à jour le 03 décembre 2011 à 05h00

Carolanne, Marjorie et Jade. Carolanne dit avoir songé à se précipiter chez son amie dimanche soir, mais qu'elle ne l'a pas fait parce qu'elle craignait que Marjorie soit fâchée contre elle.

Photo tirée de Facebook

Marc Allard
Le Soleil

(Québec) Dimanche soir, Carolanne, 15 ans, attend la finale d'Occupation double à la télé, quand elle reçoit un nouveau texto de Marjorie : «Si chu po la demain c ke j'ai kiter ce monde!!!!si je sui la c ke j'ai echouerrr!!»

Carolanne, qui sait que Marjorie broie du noir depuis sa bataille avec Jade à l'école le 31 octobre, s'inquiète pour son amie. «Bb, promet moi de jamais faire de connerie ☹», lui écrit-t-elle à 19h18. Marjorie répond qu'elle s'en va dans la douche «live». Les deux ados s'écrivent qu'elles s'aiment, et Marjorie conclut en envoyant un cœur.

Mais Carolanne est loin d'être rassurée. Elle pleure durant Occupation double en repensant à son échange de textos avec Marjorie. À 22h24, le téléphone de Carolanne vibre. «Jvien dme reveiler mon bb!», écrit Marjorie.

Carolanne propose qu'elles se parlent de vive voix. Marjorie prétexte qu'elle n'a plus assez de minutes sur son cellulaire. Carolanne écrit à son amie qu'elle lui a fait peur. Marjorie s'excuse, mais trois minutes plus tard, elle écrit : «Jai faite dekua mon chaton!!:o. Jatend!!!pis si sa marche ma etre ton ange gardien!»

Carolanne la supplie d'arrêter. «Fuck ton ange gardien cé toi que jveux. :'(», ajoute-t-elle. «Ca­ro!!arete davoir du mal!!!!dit toi ke je serai heureuse!!!ms garde jvx po ke taye dla peine!!!aret tt suit mon bb», répond Marjorie. «Jveux tu reste vivante! :'( promet moi tu vas jamais tsuicider ou dkoi dmeme. Stp promet le moi :'(»,»

Carolanne essaie de convaincre Marjorie de venir à l'école le lendemain pour qu'elles se parlent de tout ça. «Jvais t'voire demain? Promis?», écrit Carolanne. «Si jme reveil demain!!!on ce voi promiiiii jurer!», répond Marjorie.

«Té mieu dte réveiller, Carolanne.» Il est 22h46, Marjorie lui envoie un dernier texto.

Un cœur.

Le lendemain, Marjorie n'est pas venue à l'école. Elle s'est pendue.

Attablée derrière la télé qui diffuse en boucle des reportages sur le suicide de sa fille, la mère de Marjorie, Chantal Larose, fait glisser doucement la lettre que sa fille lui a écrite avant de s'enlever la vie.

Deux phrases avant de conclure, Marjorie blâme «les gens jaloux, qui veulent seulement gâcher le bonheur des autres». Pour sa mère, il n'y aucun doute : c'est à force de se faire intimider à l'école que sa fille s'est tuée.

En arrivant, à l'école secondaire Gabriel-Le Courtois, à Sainte-Anne-des-Monts, Marjorie se faisait dévisager parce qu'elle venait de la ville, raconte Annie*, une amie de la défunte.

«Elle se faisait beaucoup traiter de noms. Quelques jours après son arrivée, elle s'est fait tabasser par une fille assez colosse.

«L'intimidation a continué jusqu'a temps qu'elle s'enlève la vie», dit la jeune femme, précisant qu'avec son chum Willy, elle a défendu Marjorie à plusieurs reprises à l'école, à la fois contre les coups et les insultes.

Mais c'est comme ça, à l'école Gabriel-Le Courtois, souligne Annie. «Il y a beaucoup de monde qui finissent par décrocher parce qu'ils se font intimider.»

L'adolescente venue d'ailleurs est rejetée d'emblée par ses camarades de classe, qui chuchotent des méchancetés à son passage, qui l'insultent devant tout le monde ou l'attendent à la sortie de l'école, «aux Roches» situées devant l'établissement, pour la tabasser : tout ça ressemble à un cas typique d'intimidation.

Sauf qu'au cours de ses deux années et demie à l'école Gabriel-Le Courtois, Marjorie n'a pas toujours été cantonnée au rôle de souffre-douleur. À mesure que les élèves de l'école laissaient de côté leur méfiance initiale et découvraient son sourire, son entrain et sa bonté, Marjorie s'est fait beaucoup d'amis.

«Elle voulait que tout le monde l'aime», dit sa mère.

Même qu'à certains moments, la jolie adolescente aux longs cheveux noirs et au regard espiègle a fait partie de la clique féminine des cools. Le problème avec les membres de cette clique, c'est qu'elles entretenaient une sorte de relation amour-haine.

«Dans cette gang-là, elles sont toutes ensemble et là arrive un gars, explique Carolanne. Là, elles sont comme : "ah, il est chaud." Et après, elles sont comme "ah, t'as pas le droit de le trouver chaud, t'es conne. Et, si tu sors avec, je te parle plus." Pis là l'autre est fru contre elle, pis après ça ils se reparlent.»

Dans la clique, il y avait aussi Jade. Marjorie et elle avaient au moins trois points en commun : elles sont belles, ont du caractère et aiment le même genre de gars. Leur relation a toujours été en dents de scie, mais en octobre, tout a dérapé à cause d'un jeune coq. Jade en était encore amoureuse quand Marjorie est tombée à son tour dans ses bras.

Après l'avoir appris, Jade n'a pas décoléré. Le 31 octobre, elle a empoigné Marjorie par les cheveux et lui a cogné la tête contre son casier. Les deux se sont battues. Jade, elle aussi amochée, a été suspendue cinq journées; Marjorie, une.

Marjorie ne s'est pas remise de l'épisode du casier, dit sa mère. «Elle pleurait beaucoup et elle était toujours fatiguée.» Marjorie n'allait presque plus à ses cours. «Ça chuchotait dans son dos, raconte Mme Larose. À sa place, moi non plus, je n'aurais pas voulu y aller.»

Au Tim Hortons devant une lasagne qu'elle n'arrive pas à entamer, Carolanne dit qu'au cours de la soirée des textos, elle a songé à se précipiter chez son amie et à appeler la police, mais qu'elle ne l'a pas fait parce qu'elle craignait la réaction de Marjorie. «J'avais peur qu'elle soit fâchée contre moi.»

Comme plusieurs amis, même les plus proches, Carolanne ne pense pas que l'intimidation soit la seule responsable du suicide de son amie. Elle se souvient que quelques jours après sa bagarre avec Jade, Marjorie lui a confié dans les toilettes de l'école qu'elle n'était plus bien ni chez sa mère ni chez son père et qu'elle serait peut-être mieux là-haut, dit Carolanne, en pointant le doigt vers le ciel.

L'adolescente voit les choses d'une manière plus fataliste. «Si elle ne l'avait pas fait cette journée-là, dit Carolanne, elle aurait recommencé un autre jour.»

Au Tim Hortons, hier, Carolanne portait le collier de Marjorie et un chandail kangourou que son amie avait failli commander elle aussi par la poste. Carolanne ne croit pas qu'elle aurait porté ce chandail si celle qui lui envoyait des cœurs par texto avait attendu la même commande.

«Je pense que je n'aurais pas ouvert la boîte.»

* Nom fictif pour protéger son anonymat



Suicide de Marjorie Raymond: Jade au cœur de la haine

Publié le 03 décembre 2011 à 05h00 | Mis à jour le 03 décembre 2011 à 12h08

Depuis la mort de Marjorie Raymond, Jade Isabel-Rioux, 15 ans, ne va plus à l'école où l'on craint pour sa sécurité.

Collaboration spéciale, Marc Allard

Marc Allard
Le Soleil

(Sainte-Anne-des-Monts) Depuis une semaine, Jade ne va plus à l'école et n'ose pas sortir trop loin de la maison. Après la mort de Marjorie Raymond, c'est elle qui a été montrée du doigt pour le suicide de son ancienne amie.

Les yeux rougis par les larmes, l'adolescente de 15 ans est assise sur le perron à côté de son amie Carolanne, venue essayer de la consoler. Jade est vêtue d'un mince chandail à capuchon et d'un pantalon de jogging gris et aurait très envie de fumer une cigarette.

«Je le sais pas comment me sentir, je le sais pas pantoute, dit-elle. Je suis vraiment confuse, j'angoisse, j'ai peur. Je ne sais plus quoi faire.»

Mercredi, la dernière fois qu'elle a eu le courage de vérifier sa page Facebook, elle avait reçu plus de 500 messages de haine.

Au début de la semaine, les insultes, les accusations et les menaces venaient d'ici, à Sainte-Anne-des-Monts, mais bien vite elles arrivaient d'aussi loin que Calgary.

«Ça disait que j'étais une vache, une truie, une salope et que je devrais mourir moi aussi. Que je ne méritais pas de vivre et que c'était de ma faute si elle était morte et que la province au complet était revirée contre moi», résume Jade, en retenant un sanglot.

Sur Facebook, sa sœur, ses parents et ses amis ont aussi été la cible d'un déluge de fiel. «Je comprends pas», dit Guy Gagnon, le beau-père de Jade. «Tout le monde dénonce l'intimidation, et là, c'est exactement ça qu'ils sont en train de faire.»

Dans les entrevues qu'elle a données au Soleil et aux autres médias, la mère de Marjorie, Chantal Larose, a expliqué que sa fille traversait une période très sombre depuis qu'une camarade de classe lui avait enfoncé la tête dans un casier il y a un mois.

Cette camarade de classe, c'était Jade. Sur les réseaux sociaux, son nom n'a pas pris de temps à circuler. Le message que l'adolescente a laissé sur sa page Facebook après sa suspension - «Suspendue 5 jours. Ah! Ah! Ah! C'est pas pire!» - a été interprété comme une preuve qu'elle était satisfaite de son geste.

Une histoire de garçon

Jade avoue avoir cogné la tête de Marjorie contre un casier à cause d'une histoire de garçon. Mais elle assure que le message Facebook en question ne portait que sur sa suspension et qu'elle n'a pas tenté d'intimider Marjorie après l'épisode de la case, ni sur le Web ni à l'école.

«Oui, peut-être que ce n'était plus mon amie, dit Jade. Mais ça me fait de quoi pareil qu'elle ne soit plus là. On ne se parlait plus. Mais je ne lui souhaitais pas de mourir pour autant.»

Sur le perron, il commence à faire froid, et Jade, Carolanne et Guy rentrent à l'intérieur de la maison, où la mère de Jade, Sandra Isabel, essaie d'abattre un peu de travail malgré la commotion provoquée par le suicide de Marjorie.

«C'est l'enfer», dit-elle, avant de s'excuser de ne pas avoir eu le temps de faire le ménage.

Depuis le suicide de Marjorie, Mme Isabel va à l'épicerie à contrecœur. «Je ne sais pas quoi faire quand je rencontre une personne. Si je souris, est-ce qu'ils vont dire : "Eille, elle prend ça à la légère, elle; elle rit!" Ou est-ce que je dois faire la piteuse et brailler? J'essaie d'être neutre autant que possible.»

«La fosse aux lions»

Le soir même après la mort de Marjorie, Mme Isabel a reçu un appel de l'école secondaire Gabriel-Le Courtois, que Marjorie et Jade fréquentaient. Craignant pour la sécurité de Jade, la direction a demandé que cette dernière ne se présente pas à ses cours, indique Mme Isabel.

De toute façon, la mère de Jade aurait découragé sa fille d'y aller. «Je ne l'aurais pas envoyée dans la fosse aux lions», dit-elle.

Mme Isabel tient d'ailleurs à souligner que l'école Gabriel-Le Courtois a proposé les services d'un psychologue à sa fille, comme elle l'avait déjà fait lors d'une chicane précédente entre Marjorie et Jade (redevenues amies par la suite). L'école travaille maintenant sur un plan pour réintégrer Jade à l'école, précise sa mère. Celle-ci pense d'ailleurs que les élèves de Gabriel-Le Courtois et les gens de Sainte-Anne-des-Monts sauront faire la part des choses.

Elle s'inquiète davantage des gens qui n'y ont jamais mis les pieds et qui continuent d'écrire sur Facebook des «messages comme quoi Jade, c'est la meurtrière et nous, on est la famille de la meurtrière».

Chantal Larose, la mère de Marjorie, croit aussi que ceux qui ont assailli Jade de messages haineux sur les réseaux sociaux sont allés trop loin.

«Elle n'a pas besoin d'être plus démolie, dit Mme Larose. Il faut qu'elle assume les gestes qu'elle a faits. Mais elle aussi, ça va être une victime dans tout ça.»

Guy Gagnon espère que les centaines d'internautes qui s'en prennent à sa famille vont mettre fin à ce cercle vicieux d'intimidation. «À un moment donné, il faut que ça arrête.»



Les mots qui tuent

Publié le 03 décembre 2011 à 05h00 | Mis à jour le 03 décembre 2011 à 05h00

Brigitte Breton
Le Soleil

(Québec) Comme la société ne tolère plus et dénonce la violence physique faite aux enfants, elle doit devenir tout aussi intolérante à l'égard des jeunes, mais aussi des adultes, qui empoisonnent et détruisent la vie de leurs pairs avec leurs mots.

Ne pouvant plus supporter sa vie et l'intimidation dont elle était victime à l'école, Marjorie Raymond, une adolescente de 15 ans, s'est pendue. Les propos formulés à son endroit depuis des mois ont eu l'effet d'une arme à feu dans sa vie et celle de ses proches.

Depuis que Marjorie a posé le geste fatal, bien des gens s'expriment pour dénoncer l'intimidation à l'école et réclamer des actions plus costaudes pour l'enrayer. Espérons que ces voix resteront aussi fortes et nombreuses lorsqu'elles seront témoins ou victimes à leur tour d'actes d'intimidation.

Espérons qu'elles dénonceront, qu'elles imposeront des conséquences aux intimidateurs et qu'elles se soucieront du sort des victimes et chasseront la peur des représailles.

Le silence, l'inaction et l'indifférence sont des conditions rêvées pour les intimidateurs qui veulent imposer leur loi. L'indignation manifestée cette semaine dans les médias et les réseaux sociaux doit dorénavant se transformer en actions et non en surenchère d'insultes. Et pas besoin d'ajouter des millions de dollars à un plan ministériel pour cela.

Il faut au départ cesser de banaliser ou de minimiser les effets des injures, du harcèlement, des railleries.

Il importe également, comme adultes, de donner l'exemple, et non seulement en classe. À quoi sert d'imposer le respect à l'école si à la maison, à la radio, à la télé, au Parlement et au conseil municipal les échanges sont empreints de mépris et de dénigrement?

Les statistiques sont alarmantes. L'intimidation est en progression à l'école. En 2008, un sondage mené auprès d'enseignants révélait que 27 % des répondants connaissaient au moins une victime de cyberintimidation. La proportion est aujourd'hui de 40 %.

En septembre, l'Institut de la statistique du Québec constatait pour sa part qu'avant même d'atteindre la troisième année du primaire, un enfant sur 10 était victime d'injures ou de coups à l'école. Mauvais départ.

Malheureusement, certains minimisent encore le problème en disant que de tout temps, l'école a eu ses souffre-douleur, ses enfants trop gros, trop maigres, trop «bolés», trop noirs, trop «tapettes», trop pauvres, bref trop différents aux yeux des autres.

La réaction de certains parents et acteurs scolaires est encore de dire aux persécutés d'ignorer leurs bourreaux, que cela va s'arranger. Mais voilà, cela ne s'arrange pas toujours. Il y a des individus plus sensibles, plus vulnérables que d'autres.

Il y a aussi des jeunes dont la santé mentale est fragile, et, pour eux, la méchanceté des collègues de classe peut les conduire à la dépression et au suicide.

Pour un enfant, être intimidé à l'école est aussi dommageable qu'être battu par ses parents, selon des chercheurs. Avec les réseaux sociaux, des coups peuvent être portés 24 heures sur 24, sept jours sur sept, 365 jours par année. Un enfer pour la personne intimidée.

Mais, la vapeur peut être renversée. Nous pouvons tabler sur des réussites. La société ne ferme plus les yeux comme avant sur la violence physique et les abus sexuels.

Le suicide est un autre exemple. Depuis 10 ans, chez les moins de 19 ans, le taux de suicide a baissé de façon significative. Preuve que la sensibilisation, la prévention et des mesures efficaces d'intervention auprès des jeunes en détresse donnent de bons résultats lorsque collectivement, on cesse de tolérer l'inacceptable.



Intimidation à l'école: une victime part en croisade

Publié le 03 décembre 2011 à 00h00 | Mis à jour le 03 décembre 2011 à 00h00

Victime d'intimidation depuis plus de six ans, Émanuelle Després a décidé d'organiser une marche contre l'intimidation dans les écoles elle est ici en compagnie de ses parents.

  Vincent Gauthier Le Nouvelliste

Trois-Rivières) Victime d'intimidation à l'école depuis plus de six ans, Émanuelle Després a vivement été interpellée par la triste histoire de Marjorie Raymond, qui s'est enlevée la vie à Sainte-Anne-des-Monts. À un tel point qu'elle a décidé de s'attaquer à ce véritable fléau de société en organisant une marche de sensibilisation, à Trois-Rivières, le 11décembre prochain.

Pour cette jeune étudiante de deuxième secondaire de l'Académie Les Estacades, il est grand temps que cesse l'intimidation, tant physique que verbale, dans les écoles.

«Quand l'intimidation pousse quelqu'un à se suicider, c'est trop. Il faut arrêter, c'est assez. On avait beau ne pas la connaître, il reste que c'est triste», lance d'entrée de jeu la jeune de 13ans qui organise l'événement avec son amie, Roxanne Sénécal, et l'aide de son père, Robert Després.

Depuis la troisième année du primaire, Émanuelle se fait dire toutes sortes de commentaires disgracieux à propos de son apparence, tant à l'école que sur les réseaux sociaux. «On me traite de grosse, de king-kong, de baleine. Je me suis aussi fait voler mes vêtements pendant mon cours d'éducation physique l'an dernier», énumère, bien calmement, la jeune fille de 13ans.

Même si elle se fait harceler depuis longtemps, Émanuelle préfère ne pas trop aborder le sujet avec ses parents (qui sont quand même très bien informés du problème). Nouvellement arrivée à l'Académie Les Estacades pour l'année 2011-2012, après avoir fait son premier secondaire à Chavigny, Émanuelle croyait pouvoir s'en tirer, mais ce n'est pas le cas. L'intimidation fait toujours partie de sa vie.

«Ça m'atteint ce que le monde me dit, mais je ne le laisse pas paraître. J'ai réussi à me former une carapace et je les ignore», souligne-t-elle.

Néanmoins, sa mère est bien consciente que tous ces commentaires désobligeants laisseront inévitablement des traces chez sa fille. «Elle a beau avoir une carapace, mais ça reste toujours», reconnaît Lucie Boissonneault.

L'importance de dénoncer

Selon cette étudiante de deuxième secondaire, il devient primordial de signaler les divers scénarios d'intimidation, tant chez les victimes que les témoins. «Il faut aussi que les intimidateurs arrêtent», ajoute celle qui réclame un plus grand nombre d'intervenants dans les écoles pour parvenir à freiner ce fléau.

Pour Robert Després et Julie Boissonneault, il est évidemment difficile de voir leur jeune fille être la cible d'autant de moqueries au quotidien. Ils peuvent difficilement s'empêcher de tracer un parallèle avec le drame qui s'est joué à Sainte-Anne-des-Monts en début de semaine.

«L'histoire de Marjorie m'a affecté beaucoup. Je me dis que ça aurait pu être ma fille. Elle aussi subit de l'intimidation et je ne voudrais pas qu'elle en arrive au même résultat. C'est pour que ça que je me suis assis avec Émanuelle pour regarder ce qu'on pourrait faire aider les victimes d'intimidation. C'est là qu'est venue l'idée de la marche», raconte son père, Robert.

Une marche et une pétition

Depuis l'aréna Jean-Guy Talbot, à 10h30, les participants se rendront jusqu'au bureau de la députée Noëlla Champagne, dans le secteur Cap-de-la-Madeleine, pour y déposer une pétition dénonçant l'intimidation dans les écoles. «On invite tout le monde à venir!», lance Émanuelle, le cœur rempli d'espoir.

En avril dernier, un jeune de 12ans, Maxime Collard, avait organisé une marche visant également à dénoncer ce phénomène, du côté de Sorel-Tracy, et quelques centaines de personnes avaient répondu à l'appel, dont la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp.

Par ailleurs, les députées Noëlla Champagne (Champlain) et Danielle Saint-Amand (Trois-Rivières) ont déjà confirmé leur présence à la marche. «C'est important. Il faut inciter les gens à briser le silence, tant les enfants que leurs parents. Cette marche-là est une bonne façon de le faire», souligne la députée de Trois-Rivières.

Pour ce qui est de la pétition, la population sera invitée à la signer au Centre LesRivières, aux abords du village du Père Noël, jeudi et vendredi soir ainsi que le samedi 10décembre pendant la journée.

Hier, alors que la pétition prenait forme, une soixantaine de noms avaient déjà été recueillis. Parmi les signataires, on retrouve même des personnes ayant déjà intimidé Émanuelle. «Il y a un espoir de changement», reconnaît sa mère, Lucie.

En cas d'intimidation

- En parler au policier qui intervient à l'école

- Demander de l'aide aux parents ou à un adulte de confiance

Différents outils pour contrer l'intimidation

- Parler de l'intimidation: www.parlonsen.com

- Jeu virtuel sur l'intimidation: www.jeudeclic.com

- SOS Suicide: www.sos-suicide.qc.ca ou 1 800 595-580

- Tel-Jeunes: www.teljeunes.com ou 1 800 263-2266

*Source: site Internet de la Sûreté du Québec



Intimidation à l'école Val-Mauricie: deux élèves sont suspendues

Publié le 03 décembre 2011 à 00h00 | Mis à jour le 03 décembre 2011 à 00h00

Des gestes d'intimidation commis à l'encontre d'une étudiante ont poussé l'école Val-Mauricie à suspendre deux étudiantes de cinquième secondaire.

Photo: Sylvain Mayer

Nancy Massicotte
Le Nouvelliste

(Shawinigan) Deux élèves de l'école secondaire Val-Mauricie viennent d'être suspendues pour des gestes d'intimidation commis à l'encontre d'une adolescente de 15 ans.

L'une d'elles s'est vu interdire l'accès à l'école pour trois jours alors que la seconde a écopé d'une suspension d'une journée. Toutes deux finissantes, elles auraient commencé à s'acharner sur la victime à la fin de septembre. Les faits qui leur sont reprochés sont survenus à l'école mais aussi sur le réseau social Facebook. Selon ce que Le Nouvelliste a pu apprendre, c'est la jalousie de l'une des étudiantes qui aurait donné lieu à l'intimidation. Le tout aurait débuté au Festival western de Saint-Tite lorsqu'elle a aperçu la jeune fille avec un garçon qui lui plaisait. Sous le coup de la colère, elle aurait asséné un coup de poing au visage de celui-ci pour ensuite frapper l'adolescente sur la tête. Dès lors, elle a commencé à se livrer à des gestes d'intimidation, et ce, sur une base régulière. On parle ici de violence verbale, d'injures et de placages dans les corridors. Elle lui a même lancé un verre de jus à la cafétéria. Une autre étudiante s'est jointe à elle dans ce harcèlement. Des messages d'insultes ont également été envoyés à la victime via Facebook.

Le harcèlement a été très virulent puisque la victime a souffert d'angoisse, d'insomnie sans compter le fait que ses résultats scolaires ont chuté. «Lorsqu'elle a appris le suicide de Marjorie Raymond, victime elle aussi d'intimidation à son école, elle n'a pu s'empêcher de mentionner qu'elle avait bien fait. C'est à cette période que j'ai appris tout ce qui s'était passé car elle n'en avait pas vraiment parlé avant. Je me suis tout de suite rendu à l'école. Il n'était pas question que ça dégénère. Une plainte a également été portée à la police. Ma fille a d'ailleurs fait une déposition», a confié le père de l'adolescente.

Informée de la situation, l'école secondaire Val-Mauricie a pour sa part suspendu pour trois jours l'étudiante à l'origine de l'intimidation. La seconde a écopé d'une journée de suspension. «Les sanctions ont été appliquées en fonction de la gravité des gestes commis. Nous ne prenons pas ça à la légère. Même si la majorité des faits se sont déroulés à l'extérieur de l'école, nous avons un rôle à jouer. Des mesures ont été mises en place pour encadrer tant la victime que les deux étudiantes qui ont été suspendues», a indiqué Renée Jobin, conseillère en communications à la Commission scolaire de l'Énergie.

Elle précise que le policier-éducateur a été mis au courant de la situation de même que les parents des personnes concernées. Selon elle, ils ont tous accepté de collaborer. «Nous avons des intervenants qui vont également rencontrer régulièrement les étudiantes et les surveiller à leur retour à l'école. Il est clair qu'elles ne reviendront pas en classe sans que des interventions ne soient effectuées afin de mettre un terme à l'intimidation. La victime recevra quant à elle un support psychologique», a ajouté Mme Jobin.

Au dire du père de la victime, l'une des étudiantes impliquées n'en serait pas à sa première suspension pour de l'intimidation. Elle aurait été privée de cours pendant une journée en octobre. Cette mesure disciplinaire aurait même donné lieu à une certaine accalmie pour la victime. L'intimidation a cependant repris de plus belle en novembre. Cette information concernant une possible récidive n'a cependant pas été confirmée par la Commission scolaire de l'Énergie hier.

Le père s'interroge par ailleurs sur la durée de la suspension. «Je me demande si trois jours sont suffisants pour qu'elle cesse d'agir de la sorte. Son comportement est inacceptable. Avec tout ce qui se passe dans l'actualité en lien avec l'intimidation, ces mesures disciplinaires sont-elles assez sévères?», se demande-t-il. À la Commission scolaire, on rappelle que l'intimidation n'est pas un problème nouveau dans les écoles du Québec. «Ça commence souvent à l'extérieur et ça se poursuit à l'école. Nous avons des protocoles pour cela et des processus de médiation sont déployés», a conclu Mme Jobin.



Moment de la semaine

Pierre Bruneau rend hommage à Marjorie Raymond

Première publication 2 décembre 2011 à 19h03

Crédit photo : TVA Nouvelles Par Pierre Bruneau | TVA Nouvelles

Le moment de la semaine TVA Nouvelles est sans contredit cette tragédie survenue en Haute-Gaspésie, lundi. Une photo, un nom: Marjorie Raymond.

Il aura malheureusement fallu un geste dramatique, comme le suicide de la jeune fille de 15 ans, pour saisir l'ampleur du phénomène de l'intimidation.

Au moment ou ses proches et sa communauté s'apprêtent à lui dire, demain, un dernier adieu, je veux ce soir lui rendre hommage.

Un hommage à une jeune femme fragile, qui n'a pu surmonter cette dure épreuve de la vie. Combien de fois l'intimidation et le taxage ont-ils été dénoncés?

Combien de fois avons-nous entendu le message d'intervenants nous rappeler que, loin de s'améliorer, la situation s'aggrave?

Combien de fois avons-nous entendu l'impuissance des parents et des autorités?

Et qu'avons-nous fait? De toute évidence, trop peu!

Mais cette semaine, Marjorie, les choses ont subitement changées; ta détresse aura mis à jamais un nom et un visage sur une attitude que tous qualifient d'inacceptable!

Bien sûr qu'on voudrait arrêter le temps, revenir à lundi, avant que tu ne poses le geste fatidique! Pouvoir t'aider!

Il y avait pourtant des gens autour de toi. Des gens que tu aimais, comme ta mère, qui a été tout aussi impuissante que toi à trouver la solution.

Tu vois comme rien n'est évident dans le malheureux monde de l'intimidation, même les grands sont confondus.

L'engagement qu'on doit prendre, Marjorie, comme société, est de tout mettre en œuvre pour contrer ce fléau, éviter que d'autres jeunes, comme toi et ces trois autres adolescents de 11 à 15 ans qui se sont suicidés ces derniers mois au Canada, pour les mêmes raisons, ne sombrent dans les idées suicidaires.

On te promet, Marjorie, de travailler à ce que ton sourire devienne l'arme contre l'intimidation. C'est maintenant notre responsabilité.



Adieu, Marjorie!

Publié le 02 décembre 2011 à 14h12 | Mis à jour le 03 décembre 2011 à 00h04

Les quelque 600 jeunes ont lancé des ballons blancs dans le ciel, chacun d'eux contenant un message de paix et de tolérance.

Collaboration spéciale, Johanne Fournier, Le Soleil

(Sainte-Anne-des-Monts) Les 600 élèves et le personnel de l'école Gabriel-Le Courtois de Sainte-Anne-des-Monts ont tenu à saluer pour la dernière fois vendredi matin leur amie et camarade de classe, Marjorie Raymond, qui s'est donné la mort lundi, après avoir subi de l'intimidation pendant trois ans.

Collaboration spéciale, Johanne Fournier

Une activité spéciale, où seuls les élèves et le personnel étaient admis, a d'abord eu lieu à l'auditorium de l'école, suivi d'une période de recueillement. L'événement a pris fin par un rassemblement silencieux qui s'est déployé à l'extérieur, derrière l'école. Invités à se vêtir de blanc, les jeunes, tant du primaire que du secondaire, ont relâché 600 ballons blancs dans le ciel afin de symboliser la paix et l'espoir. Sur chacun des ballons, les élèves avaient inscrit un message de paix et de tolérance, ou une pensée spéciale pour Marjorie.

Une centaine de personnes, dont plusieurs parents, ont cherché à s'approcher du lieu, mais ils ont dû demeurer en retrait, tout comme les représentants des médias, qui s'étaient fait expulser de l'école. La direction de l'établissement avait d'ailleurs demandé que l'événement se déroule sous surveillance policière.

En après-midi, les élèves avaient reçu la consigne de revenir en classe. Mais certains ont pris part à une marche visant à rendre un dernier hommage à l'adolescente et à dénoncer l'intimidation. Le parcours utilisé par une centaine de personnes totalisait environ trois kilomètres.

L'initiative avait été mise de l'avant par deux mères, Jessy Fournier et Joannie Therrien, dont les enfants et elles-mêmes ont vécu de l'intimidation.

Une dizaine d'élèves, qui ont défié la consigne de la direction, ont appris lorsqu'ils ont voulu réintégrer leur classe qu'ils étaient suspendus pendant cinq jours pour avoir désobéi. «Pour nous, c'était important de participer à cette marche pour dénoncer l'intimidation», insiste Julie Daraîche, une bonne amie de Marjorie Raymond. «La sanction de l'école est une forme d'intimidation!»

Il devenait d'autant plus important pour les amis de Marjorie d'organiser de telles activités d'adieu, puisque aucunes funérailles ne sont célébrées à Sainte-Anne-des-Monts. Pour respecter les dernières volontés de la défunte, l'urne contenant ses cendres sera mise en terre demain à Granby, sa ville natale.



Suicide de Marjorie Raymond L'intimidation: l'affaire de tous

Première publication 2 décembre 2011 à 13h14

Crédit photo : Facebook

TVA Nouvelles

Tout le monde doit se sentir concerné par le problème de l'intimidation. C'est le constat que fait Gaston Rioux, président de Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ), réagissant à la mort de Marjorie Raymond, qui s'est enlevée la vie lundi.

Selon M. Rioux, c'est la société dans son ensemble qui doit être interpellée par ce phénomène social complexe qu'est l'intimidation : «L'équipe-école, la commission scolaire, les intervenants, les parents, les adultes, bref la société... tous doivent se dire qu'en aucun cas, l'intimidation doit être prise à la légère» a expliqué le représentant des parents d'élèves.

L'intervenant du milieu de l'éducation a souligné l'importance d'un meilleur suivi auprès des enfants afin de détecter leur détresse, un suivi qui doit être fait par les parents. « Il est utile de demander à notre jeune comment sa journée s'est passée, s'informer, s'intéresser à ce qui se passe. Il faut également porter attention à la cyber intimidation et rester vigilant par rapport à l'utilisation de l'ordinateur à la maison. Ces petits gestes, combinés aux actions posées par tous les intervenants concernés, peuvent faire une différence. »

Gaston Rioux rappelle également l'importance, que les jeunes accordent à leurs modèles, les adultes. «Il faut pouvoir gérer nos propres conflits, nos propres interactions avec les uns et les autres au quotidien, que ce soit à la maison, au travail ou sur la place publique, de manière à inspirer ce climat de respect, qui n'encourage pas le recours à l'intimidation ».

Chaque année lors du congrès de la Fédération des comités de parents, des ateliers portant sur l'intimidation sont donnés aux parents. Les parents peuvent y rencontrer conférenciers, spécialistes, afin d'aborder le sujet.



Intimidation: «Comment les aider si on ne les écoute pas?»

Publié le 02 décembre 2011 à 10h31 | Mis à jour le 03 décembre 2011 à 07h40

Des ballons blancs ont été lâchés dans le ciel de Sainte-Anne-des-Monts, vendredi matin, pour rendre hommage à Marjorie Raymond.

Les proches et amis de Marjorie Raymond lui ont rendu hommage vendredi matin lors d'une cérémonie tenue à l'école secondaire Gabriel-Le Courtois à... Photo: André Pichette, La Presse

Plusieurs élèves de l'école étaient sur place. Photo: André Pichette, La Presse

Les proches et amis de Marjorie Raymond lui ont rendu hommage vendredi matin lors d'une cérémonie tenue à l'école secondaire Gabriel-Le Courtois à... Photo: André Pichette, La Presse

Les proches et amis de Marjorie Raymond lui ont rendu hommage vendredi matin lors d'une cérémonie tenue à l'école secondaire Gabriel-Le Courtois à... Photo: André Pichette, La Presse 

Les proches et amis de Marjorie Raymond lui ont rendu hommage vendredi matin lors d'une cérémonie tenue à l'école secondaire Gabriel-Le Courtois à... Photo: André Pichette, La Presse

Judith Lachapelle
La Presse

(Sainte-Anne-des-Monts) Dans le stationnement jouxtant la cour de l'école secondaire Gabriel-Le Courtois, la famille Marin grelotte en attendant la sortie des élèves. Maryse Marin déplie une feuille qu'elle montre à d'autres parents. C'est une pétition qui a circulé parmi les élèves, il y a deux ans, contre sa fille Jessica, 15 ans, grande amie de Marjorie Raymond.

«Ceux qui trouvent que Jessica est une voleuse, menteuse, bitch, conne, profiteuse, stooleuse, droguée, manipulatrice et plus encore, signez votre nom en bas.» Près d'une vingtaine de noms s'alignent jusqu'au bas de la page.

«Qu'est-ce qu'avait fait l'école? Rien», dit Mme Marin. Ou si peu, ajoute-t-elle. Pas assez, en tout cas, pour empêcher des élèves de s'en prendre encore à sa fille, il y a 15 jours. «Nous, on voit nos enfants à la maison, dit Maryse Marin. Mais quand ils arrivent à l'école, on ne sait plus ce qui se passe. Est-ce qu'on les écoute suffisamment? Comment les aider si on ne les écoute pas?»

À ses côtés, ses nièces Romane et Coralie, arrivées la veille de Rosemère pour participer à la cérémonie d'envol de ballons à la mémoire de Marjorie Raymond, qui s'est enlevé la vie lundi. Elles ont connu Marjorie lors des visites estivales chez leur cousine. Chacune tient à la main un petit ballon blanc prêt à être lâché dans le ciel, dans une cérémonie des élèves à la mémoire de l'adolescente qui s'est tenue hier matin.

«Il faut toujours qu'il arrive quelque chose pour réaliser qu'on est allé trop loin», soupire Romane. Elles ont elles-mêmes été victimes de violences commises par des jeunes de la région. «Une fille d'ici m'a déjà sauté dessus parce qu'elle était jalouse de moi à cause de mon chum», dit Romane Marin, 16 ans. Sa tante Maryse hoche la tête. «Ils étaient une quinzaine autour d'elle quand on est intervenus», dit-elle.

Manque de surveillants ?

L'intimidation et la violence sont-elles pires à Sainte-Anne-des-Monts qu'ailleurs? Les trois haussent les épaules. Coralie, 13 ans, se demande s'il y a suffisamment de surveillance. «Dans mon école, où il y a seulement deux années de secondaire, il y a quatre surveillants.» «Ici, dit Mme Marin, il n'y en a qu'un seul.»

«Dans toutes les écoles, c'est la même chose. Il y a une petite rencontre avec la direction, puis on donne une suspension à ceux qui ont intimidé quelqu'un, dit Coralie. Mais une suspension, c'est comme des vacances pour eux.»

Et l'intimidation ne se déroule pas qu'à l'école. «Même une fois à la maison, ça se poursuit sur Facebook», rappelle Coralie.

«Mais je crois que ça doit être pire en région, ajoute-t-elle. Parce qu'il y a une seule école secondaire. Chez nous, on peut changer d'école, il y en a plusieurs. Ici, on n'a pas le choix.»

La mère de Marjorie, Chantale Larose, avait d'ailleurs tenté de la changer d'école. «L'été dernier, je lui avais dit qu'elle pourrait aller aux cours pour adultes, a-t-elle expliqué, jeudi, lors d'un entretien. Mais il faut avoir 16 ans. Elle n'a pas pu attendre.»



Marjorie Raymond Une école en deuil

Première publication 2 décembre 2011 à 08h57 Mise à jour : 2 décembre 2011 à 21h41

Crédit photo : Facebook, Agence QMI

TVA Nouvelles

Les élèves de l'école Gabriel-Le Courtois, que fréquentait Marjorie Raymond, se sont réunis vendredi matin afin de rendre un dernier hommage à l'adolescente qui s'est enlevée la vie lundi.

La commémoration a eu lieu à l'intérieur des murs de l'école où un célébrant a pris la parole.

Les élèves se sont ensuite dirigés à l'extérieur de l'établissement scolaire pour une envolée de 600 ballons blancs. La tristesse se lisait sur les visages des adolescents lors de cette cérémonie où ils ont rendu hommage à leur façon à Marjorie.

Les journalistes ont été tenus à l'écart de l'évènement par les responsables de l'école pour permettre aux jeunes de se recueillir.

Plusieurs étudiants ont senti le besoin de tenir cette cérémonie parce qu'ils ne peuvent assister aux funérailles de Marjorie Raymond, samedi. Les obsèques de la jeune fille se tiendront à Granby, sa ville natale.

Une marche dans les rues de la municipalité où habitait Marjorie depuis 3 ans, Sainte-Anne-des-Monts, a également été organisée, afin que tous se souviennent.

De nombreux évènements se préparent aux quatre coins du Québec, en hommage à cette jeune fille qui s'est suicidée.

Par ailleurs, c'est samedi, à 13h30, que Marjorie Raymond sera portée à son dernier repos aux Cimetières catholiques de Granby.

La dépouille de l'adolescente de 15 ans a été incinérée à Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie, jeudi, et l'urne contenant ses cendres sera déposée au cimetière, aux côtés de son grand-père maternel, tel qu'elle le désirait.

«La responsable du cimetière récitera une prière non religieuse, selon le vœu de Marjorie, et lira un message de paix», a précisé une amie de la famille, Geneviève Marsan.

Jasmin Roy, comédien et président de la fondation qui porte son nom, sera présent pour accompagner la famille et répondre aux médias.

«C'est la famille qui a invité M. Roy et elle était contente qu'il accepte. Lui aussi était touché de cette invitation», a indiqué Mme Marsan.

La mère rencontrera les médias

Un point de presse se tiendra à 13h au cimetière. Jasmin Roy et Chantal Larose, la mère de Marjorie, s'adresseront aux médias et répondront aux questions des journalistes, avant de se retirer pour la cérémonie et le dépôt de l'urne.

Les proches souhaitent pouvoir se recueillir dans l'intimité, tout en étant conscients du caractère exceptionnel de l'événement.

«C'est le genre de situation qui attire l'attention de la population, nous nous attendons à ce que plusieurs dizaines de personnes se présentent au cimetière, a dit Mme Marsan. La famille fera part d'ici samedi de ses demandes [périmètre réservé aux proches, sécurité], et nous demanderons au public et aux médias de respecter celles-ci.»

Une marche commémorative aura lieu au même moment samedi au parc Maisonneuve, à Montréal, pour souligner le tragique événement et dénoncer l'intimidation.



Intimidation: les écoles manquent de ressources

Publié le 02 décembre 2011 à 06h50 | Mis à jour le 02 décembre 2011 à 06h50

Les psychologues, les psychoéducateurs et les autres professionnels ne sont pas assez nombreux dans les écoles pour faire face aux problèmes d'intimidation.

Photo: Photos.com

Pascale Breton
La Presse

Pendant que Québec réfléchit à la façon de bonifier son plan d'action pour contrer la violence dans les écoles, plusieurs critiquent le manque d'intervenants qualifiés pour faire face aux problèmes d'intimidation.

Les psychologues, les psychoéducateurs et les autres professionnels qualifiés ne sont pas assez nombreux dans les écoles. «Étant donné qu'il y a des situations d'agression, de dépression, même de suicide, comme on l'a vu cette semaine, ça prend quelqu'un qui est spécialisé en santé mentale», estime Égide Royer, professeur à l'Université Laval et codirecteur de l'Observatoire canadien pour la prévention de la violence à l'école.

Les études indiquent que malgré les campagnes de sensibilisation et les mesures en place, de 6 à 10% des jeunes sont, de manière répétitive, victimes d'intimidation, précise M. Royer.

C'est sur ce deuxième plan qu'il y a des lacunes, ajoute le spécialiste. «Le filet de ressources professionnelles, entre autres en matière de santé mentale, est trop mince.»

Budget insuffisant

Dans le cadre de son plan d'action 2008-2011 pour contrer la violence dans les écoles, le gouvernement Charest a investi 17 millions en trois ans. Chaque établissement devait mettre en place un protocole d'intervention et identifier une personne-ressource.

C'est bien peu d'argent lorsqu'on répartit cette enveloppe entre les 3000 établissements de la province, fait valoir la présidente de la Fédération québécoise des directeurs d'établissement d'enseignement (FQDE), Chantal Longpré. Ce n'est pas suffisant pour engager du personnel qualifié comme des psychologues, et pour un nombre d'heures suffisant, ajoute celle qui est également vice-présidente de la Fondation Jasmin Roy, un organisme qui lutte contre l'intimidation dans les écoles.

«Pour faire de meilleures interventions, ça prend le personnel nécessaire, autant pour l'école que pour le parent. [...] On ne peut pas penser qu'une situation problématique se règle d'un coup. C'est un travail de longue haleine, il y a plusieurs personnes à mobiliser», rappelle Mme Longpré.

La ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, devrait annoncer au cours des prochains mois de nouvelles mesures pour bonifier le plan de lutte contre la violence dans les écoles.

Environ 80% des écoles ont adhéré au plan à ce jour et identifié un intervenant au sein de leur établissement, indique l'attaché de presse de la ministre, Dave Leclerc.

Familles

À l'avenir, les familles des jeunes agresseurs pourraient s'engager davantage. «Il faut que la famille prenne conscience que le geste que son enfant a commis a des impacts et des conséquences importantes sur d'autres enfants», souligne M. Leclerc.

Les interrogations sur les mesures québécoises pour contrer l'intimidation surviennent au moment où le gouvernement ontarien a déposé, mercredi, un projet de loi pour renforcer la législation concernant la violence dans les écoles.

Ce projet de loi prévoit même l'expulsion des élèves agresseurs. Une mesure jugée radicale par certains puisque ces élèves ont avant tout besoin d'encadrement.

«C'est une terrible idée», estime Debra Pepler, professeure de psychologie à l'Université York et spécialiste des questions d'intimidation.

Mais en Ontario aussi, il reste beaucoup de travail à faire, ajoute-t-elle. «Actuellement, la différence est grande entre ce qui est prévu dans la législation et la réalité. Certains enfants sont victimes à répétition et la direction et les enseignants ne leur donnent pas le soutien nécessaire.»



Intimidation: les harceleurs pourraient être sanctionnés sur Facebook

Publié le 02 décembre 2011 à 05h00 | Mis à jour le 02 décembre 2011 à 08h19

Bien qu'elle acquiesce à la suggestion du péquiste Sylvain Gaudreault, la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, souligne que l'application d'une telle mesure sur Facebook est semée d'embûches.

Photothèque Le Soleil, Steve Deschênes

Jean-Marc Salvet
Le Soleil

(Québec) La ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, évaluera la possibilité de faire supprimer les pages Facebook des intimidateurs, une sanction vue par l'opposition péquiste comme un moyen de réduire l'intimidation en milieu scolaire.

Les élus de l'Assemblée nationale ont rediscuté, hier, du suicide de la jeune Marjorie Raymond, 15 ans, victime d'intimidation répétée à l'école secondaire qu'elle fréquentait, à Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie. L'opposition officielle propose deux avenues pour juguler ce fléau. D'abord, «que chaque jeune vivant de l'intimidation soit pris en charge»; que chacun d'eux bénéficie d'«un parcours personnalisé impliquant le monde de l'éducation et les services sociaux».

Elle suggère ensuite l'instauration d'une mesure «visant le réseau social Facebook». En France, a noté le député Sylvain Gaudreault, «les élèves coupables de harcèlement scolaire pourront voir leur site être fermé».

«Il y a vraiment des dérapages importants sur Facebook», a analysé M. Gaudreault. Il suffit malheureusement, dit-il, «d'aller voir les commentaires qui ont été publiés avant la situation qu'on a connue à Sainte-Anne-des-Monts» pour s'en convaincre.

«L'intimidation existait avant les réseaux sociaux, convient-il. Mais ils en ajoutent.»

Pour combattre le «harcèlement à l'école», le ministre français de l'Éducation, Luc Chatel, s'est entre autres inspiré du Québec. Mais il a ajouté des mesures de son cru, ciblant spécifiquement le «cyber-harcèlement».

«Pour faire face au harcèlement sur les réseaux sociaux, les élèves français devront s'engager expressément à ne pas intimider ou harceler un autre utilisateur», avait indiqué le ministre Chatel au printemps. C'est à ce même moment qu'il a annoncé que le compte des élèves «convaincus de harcèlement sur le réseau Facebook serait fermé» - une mesure difficile à mettre en place, toutefois.

«Est-ce que ça va tout stopper? interroge le proposeur péquiste. Peut-être pas. Mais ça enverrait un message très clair.»

Line Beauchamp a dit «acquiescer» à la suggestion du péquiste. «C'est exactement le type de pistes d'action pouvant servir à bonifier les interventions de l'ensemble de la société québécoise pour lutter contre la violence et l'intimidation», a-t-elle déclaré.

En même temps, la ministre a émis des bémols sur l'application concrète d'une telle mesure. «Le gouvernement français a lui-même reconnu toutes les difficultés d'en arriver à ce contrôle des pages Facebook. Il y a plusieurs embûches.»

Il serait toujours possible, en effet, pour l'intimidateur endurci ou impénitent, de rouvrir un autre compte sur le réseau social.

«Bonifier» le plan d'action

De façon plus générale, Line Beauchamp a promis de «bonifier» le Plan d'action pour prévenir et traiter la violence à l'école, présenté en 2008. Elle souhaite interpeller davantage les parents des agresseurs et les policiers.

«L'intimidation est un phénomène complexe qui déborde largement les murs de l'école. Je pense, en premier lieu, aux parents des élèves qui sont des agresseurs; je pense aux services policiers.»

Par ailleurs, le gouvernement de Jean Charest et l'opposition officielle ne paraissent pas chauds à l'idée de suivre l'Ontario, où l'on a déposé un projet de loi qui donnerait aux écoles le pouvoir d'expulser définitivement les élèves se rendant coupables d'intimidation.



Suicide de Marjorie Raymond: des ados dans la tempête

Publié le 02 décembre 2011 à 05h00 | Mis à jour le 02 décembre 2011 à 07h13

L'indignation générale suscitée par l'intimidation dont a souffert Marjorie Raymond a engendré un courant de haine qui heurte tous ceux qui ont côtoyé Marjorie. Photo: André Pichette, La Presse

Judith Lachapelle
La Presse

(Sainte-Anne-des-Monts) Le suicide de Marjorie Raymond, lundi, a happé tout le monde à Sainte-Anne-des-Monts. Mais le choc se répercute bien au-delà de la ville; il atteint le Québec et plus encore. Et l'indignation générale suscitée par l'intimidation dont a souffert Marjorie a engendré un courant de haine qui déferle notamment sur Facebook et heurte tous ceux qui ont côtoyé Marjorie. Une haine démesurée et injustifiée, estiment les jeunes. Dans la polyvalente du bord du fleuve, où nous avons rencontré des adolescents encore sous le choc, il n'y a pas de bons ni de méchants. Juste des ados, en deuil.

«Là, là, dites au monde qu'y faut que ça arrête! On n'arrête pas de recevoir des messages d'insultes de personnes qu'on connaît même pas! Y savent même pas qui ont est! Ils veulent-tu d'un autre suicide?»

Devant l'école secondaire Gabriel-Le Courtois, sous le vent frisquet qui balaie le fleuve, une douzaine d'adolescents grillent une cigarette en sautillant. Ils étaient dans le même clan que Marjorie Raymond. Ils sont aussi dans le même clan qu'une autre adolescente - qu'on prénommera Sophie pour les besoins de l'article -, ciblée depuis lundi comme étant le «tyran» de Marjorie. Et s'il faut en croire les tas de messages qu'ils reçoivent sur Facebook, ils sont tout simplement coupables par association.

Marjorie Raymond, 15 ans, élève de 3e secondaire, était une jolie adolescente aux longs cheveux noirs. «Elle faisait partie des filles les plus populaires de l'école», dit sa mère, Chantale Larose. Une fille bien entourée, qui sortait souvent avec ses copains et qui avait du succès auprès des garçons. Une fille souriante, disent ses amis. «Elle essuyait nos larmes et nous disait que tout allait s'arranger», se souvient une fille.

Dans la bande de garçons et de filles, Marjorie et Sophie n'étaient pas meilleures amies, mais bonnes copines. Sur Facebook, des photos les montrent ensemble, enlacées, posant pour le photographe.

Mais depuis quelque temps, «Marjorie n'allait pas bien, affirme un garçon. Elle n'était pas heureuse.» «Elle disait qu'elle se trouvait grosse et laide, alors que c'était vraiment pas le cas», ajoute une fille.

Et puis, il y a eu cette bataille, il y a un mois, avec Sophie. Une histoire de jalousie à cause d'un garçon que convoitait Sophie, mais qui s'est retrouvé dans les bras de Marjorie. Un beau jour de la fin octobre, Sophie, folle de jalousie, a saisi Marjorie par les cheveux et lui a balancé la tête sur un casier. Une empoignade a suivi entre les deux filles. Résultat: deux jours de suspension pour Marjorie, cinq pour Sophie.

Marjorie, dit sa mère, ne s'est pas remise de l'épisode. «Elle pleurait beaucoup, elle était toujours fatiguée», raconte-t-elle, assise dans la cuisine de la maison familiale. Marjorie a pratiquement cessé d'aller à ses cours, ne voulait plus se retrouver dans la même classe que Sophie. «Ça chuchotait dans son dos, raconte sa mère. À sa place, moi non plus, je n'aurais pas voulu y aller.» Ce n'était pas le premier épisode d'intimidation que Marjorie subissait: chaque année, depuis trois ans, un élève plus vieux qu'elle en avait fait son souffre-douleur pendant de brèves périodes. Mais selon plusieurs témoignages, c'était la première fois que Sophie et Marjorie s'affrontaient.

«C'était juste une chicane de filles!», lance un garçon, devant l'école. «Mais c'est une guerre de filles qui a dégénéré», dit Mme Larose. Dans la longue lettre qu'elle a laissée à sa famille, Marjorie garde une phrase à la fin pour accuser «la vie et les gens jaloux, qui veulent seulement gâcher le bonheur des autres».

Pris à partie

Quand elle a écopé d'une suspension de cinq jours le 1er novembre après s'être battue avec Marjorie, Sophie s'en est vantée sur son profil Facebook, laissant entendre qu'elle avait pris sa revanche sur sa rivale. Près d'une vingtaine de ses «amis Facebook» s'en sont amusés.

Mardi, dans une conversation sur Facebook, des élèves ont accusé Sophie d'avoir «une mort sur la conscience». En deux heures, une centaine de messages ont été publiés sur le profil de Sophie. Si certains se montraient virulents envers Sophie, d'autres ont tenté de calmer le jeu. «Je ne sais pas si (Sophie) se sent mal, j'espère qu'elle se sent mal, mais attendez pas qu'elle se sente trop mal», a écrit une adolescente.

Bientôt, tout a commencé à déraper.

La conversation - publique - a commencé à circuler sur l'internet. Les élèves qui avaient pris la défense de Sophie se sont mis à recevoir des messages haineux d'inconnus les accusant d'avoir poussé Marjorie au suicide.

«Y a du monde de Laval et d'ailleurs qui m'ont écrit pour me traiter de plein de noms! lance une adolescente. Eille! Ils ne me connaissent même pas! Ils ne savent même pas que Marjorie, c'était aussi mon amie! On était tous dans la même gang! Pour qui ils se prennent?»

«C'est rendu tellement gros! dit en soupirant un grand ado. Ça aurait pu tomber sur n'importe qui d'entre nous, cette dernière chicane. C'est tombé sur Sophie.»

«Il n'y avait pas que l'intimidation, martèlent les ados. La chicane avec Sophie, c'est la goutte qui a fait déborder le vase.» Et les attaques dont ils sont eux-mêmes l'objet pour dénoncer l'intimidation ont exactement l'effet contraire, disent-ils.»



Intimidation à l'école: Labeaume ému par ce «terrible» fléau

Publié le 02 décembre 2011 à 05h00 | Mis à jour le 02 décembre 2011 à 08h02

Régis Labeaume, accompagné de l'humoriste Jean-Michel Anctil, le maître de cérémonie du premier Bal du maire, dont tous les profits étaient versés à la Fondation Québec Jeunes.

Le Soleil, Steve Deschênes

Valérie Gaudreau
Le Soleil

(Québec) Le thème de l'intimidation à l'école s'est invité au premier Bal du maire, jeudi soir. Difficile en effet d'éviter ce sujet tristement d'actualité lors d'une activité caritative dont l'objectif est justement de venir en aide aux jeunes.

«Je trouve ça tellement terrible», a lancé le maire Régis Labeaume lors de son entrée au Château Frontenac pour le premier Bal du maire au profit de la Fondation Québec Jeunes.

«Un de mes enfants a été victime de harcèlement, deux conseillères de mon équipe ont des enfants qui en ont aussi été victimes», a énuméré le maire, parrain d'honneur de ce bal dont les profits seront remis à divers organismes venant en aide aux jeunes de 11 à 17 ans.

«Le problème est que l'enfant ne veut pas parler. C'est épouvantable, et il y en a beaucoup. Faites le tour de vos amis, vous allez voir que c'est très fréquent.»

«Pas besoin d'aller loin», a renchéri l'humoriste et comédien Jean-Michel Anctil, maître de cérémonie du Bal, qui réunissait des gens d'affaires qui ont payé de 3500 à 7500 $ pour participer à cette soirée-bénéfice.

«Aujourd'hui, ma fille rencontrait la directrice après avoir été victime d'intimidation, a-t-il raconté. Elle en a parlé et elle a confronté l'autre petite fille. Parfois, on a peur d'en parler, mais il faut le faire. Il ne faut pas être spectateur.»

L'humoriste s'est dit particulièrement bouleversé par le suicide de Marjorie Raymond de Sainte-Anne-des-Monts, qui s'est enlevé la vie pour fuir l'enfer qu'elle vivait à l'école. D'autant plus que l'adolescente de 15 ans a déjà été en nomination pour obtenir une bourse de la Fondation Jean-Michel-Anctil pour sa persévérance scolaire.

«Tu vois ça et tu fais : tabarouette...» a-t-il laissé tomber, ému. Aujourd'hui, Jean-Michel Anctil espère que les discussions entamées à la suite de ce drame contribueront à changer les choses. «Cet événement a sonné pas mal de cloches.»

Le premier Bal du maire est inspiré du Bal de la Saint-Valentin que la Fondation Québec Jeunes tient depuis neuf ans à Montréal. Les profits de la soirée de jeudi seront versés à divers organismes, dont la Fondation Maurice-Tanguay, la Maison des jeunes Saint-André de Neufchâtel et le programme musiciens en herbe des Violons du Roy.



Une amie de Marjorie Raymond se confie «L'avoir vu avant, on l'aurait sauvée»

Première publication 2 décembre 2011 à 04h54

Crédit photo : Gracieuseté

Par Taïeb Moalla | Le Journal de Québec

Lundi, quelques instants avant de mettre fin à ses jours, Marjorie Raymond a envoyé un véritable cri de détresse, par courriel, à Jessica Marin. Malheureusement, sa meilleure amie n'a consulté sa messagerie que le lendemain.

«Si je l'avais vu, je serais allée chez eux. J'aurais peut-être pu...», a lâché Jessica, trop émue pour pouvoir compléter sa phrase.

Détail encore plus troublant, Marjorie aurait également envoyé un message texte, dimanche, à une autre amie pour lui annoncer qu'elle comptait mettre fin à ses jours. «La fille n'a pas allumé. Elle n'a été voir personne et elle n'en a pas parlé», regrette amèrement Jessica.

Victime elle aussi d'intimidations et complètement dévastée par le suicide de Marjorie Raymond, Jessica Marin, 18 ans, a décidé de ne plus remettre les pieds à l'école secondaire Gabriel-Le Courtois de Sainte-Anne-des-Monts.

«On s'est vues toute la semaine dernière. Elle riait. Tout allait bien. Elle avait du fun, mais elle ne voulait pas aller à ses cours. Elle avait peur des filles qui l'écœuraient beaucoup. Je lui disais : sois forte ma belle. Laisse-les faire, continue à vivre ta vie. J'essayais de lui remonter le moral», a décrit Jessica.

Cette dernière se faisait intimider par une autre «clique» que celle qui s'en prenait à Marjorie. Elle a d'ailleurs redoublé deux années de scolarité à cause de cette situation.

Même si elle doit normalement achever son secondaire 5 ce printemps, Jessica a décidé de le faire bien loin de Sainte-Anne-des-Monts.

«Je ne veux plus aller à l'école. J'ai vécu la même chose que Marjorie. J'avais peur d'affronter et d'avancer, a-t-elle rapporté. Je veux aller retrouver mes frères à Rimouski et connaître d'autres choses. Je ne suis plus capable. Je veux m'en aller de là.»

«Je ne veux pas la perdre»

Aussi traumatisée que sa fille, Maryse Marin avait la voix encore nouée par l'émotion lorsque nous avons pu lui parler, jeudi.

«Jessica s'est mise à crier et à pleurer en lisant le message de Marjorie, mardi, a-t-elle décrit. Elle me disait : L'avoir vu avant, on l'aurait sauvée.»

Affirmant trouver la situation «très difficile», Mme Marin ne sait plus à quel saint se vouer. «J'ai toujours forcé ma fille à aller à l'école même si elle pleurait et qu'elle se refermait sur elle-même ces derniers temps, a-t-elle fait remarquer. En tant que parent, je disais toujours à Jessica : Ignore-les, laisse-les faire, ne frappe pas sur les autres (...) Mais là, j'ai très peur. Je ne veux pas la perdre. Vu que c'était sa grande chum, j'ai pas le goût qu'il se passe le même drame.»

«M'en veux pas»

Ceci est le dernier courriel envoyé par Marjorie à Jessica, lundi en fin de matinée. Nous le reproduisons tel quel.

«!!asti dvie dmarde!!!!ya juste toi d'bon ds ma vie!! Je t'aime énormément ma belle je serais la pour te protéger. Men veux pas pour le geste que je vais poser...xxxx Marjorie».

La DPJ en dernier recours

Sans vouloir commenter le suicide de Marjorie Raymond, la Commission scolaire des Chic-Chocs a rappelé que la menace de faire intervenir la Direction de la protection de la jeunesse faisait partie des «protocoles» en vigueur.

La Loi sur l'instruction publique prévoit que «le directeur de l'école s'assure, selon les modalités établies par la commission scolaire, que les élèves fréquentent assidûment l'école».

En cas d'absences non motivées, le même texte stipule que «le directeur de l'école intervient auprès de l'élève et de ses parents en vue d'en venir à une entente avec eux et avec les personnes qui dispensent les services sociaux scolaires sur les mesures les plus appropriées pour remédier à la situation».

Cela dit, «lorsque l'intervention n'a pas permis de remédier à la situation, le directeur de l'école le signale au directeur de la protection de la jeunesse après en avoir avisé par écrit les parents de l'élève», prévoit la législation.

L'intimidation en milieu scolaire (primaire et secondaire) au Québec

Voies de faits simples

2009-2010 : 493 arrestations

2010-2011 : 497 arrestations

Harcèlement criminel

2009-2010 : 104 arrestations

2010-2011 : 109 arrestations

Profération de menaces

2009-2010 : 390 arrestations

2010-2011 : 419 arrestations 

Intimidation

2009-2010 : 66 arrestations

2010-2011 : 22 arrestations

Source : Sûreté du Québec



Suicide de Marjorie Raymond Des personnalités consternées

Première publication 1 décembre 2011 à 21h57

Crédit photo : Gracieuseté Marjorie Raymond

Par Marie-Josée Roy | Agence QMI

Alors que le décès tragique de la jeune Marjorie Raymond continue de faire les manchettes, plusieurs personnalités québécoises se sont montrées absolument bouleversées par ce drame, lors de l'édition spéciale de «Salut, bonjour!» consacrée à la grande Guignolée des médias, jeudi matin.

Participant de bon cœur à l'événement annuel incitant à l'entraide, à la générosité et au partage, les personnalités interrogées ont toutes émis de vives inquiétudes face au problème de société qu'est devenue l'intimidation dans les écoles.

«Ça me met tellement en colère, a dit Richard Martineau. Ça me met en maudit! Il va falloir inculquer à nos enfants le sens du respect des autres, leur enseigner à accepter la différence. Le "bitchage", ce n'est pas une façon de vivre. Quand on regarde la télévision ces temps-ci, il y a beaucoup d'émissions qui font la promotion de la mesquinerie. Ça m'énerve un peu que les enfants regardent ça. C'est la culture qu'ils consomment, et je trouve ça épouvantable. Moi, ça me jette à terre.»

«Je fais partie du Québec en entier qui est outré et scandalisé, a avancé prudemment la comédienne Mélanie Maynard. En même temps, je trouve que c'est dangereux, parce que tout le monde prend position, et ça devient extrêmement violent envers les personnes qui ont fait l'intimidation. On ne sait rien de cette histoire-là, de ce qu'il y avait derrière tout ça. Je trouve que tout le monde se prononce trop vite.»

La chanteuse Marie-Ève Janvier a pour sa part eu l'impression de perdre une partie de son innocence en prenant connaissance de cette douloureuse histoire. «Moi, j'ai eu l'impression de me réveiller, cette semaine, a avoué celle qui s'implique au sein de diverses fondations en compagnie de son conjoint, Jean-François Breau. J'ai l'impression de découvrir dans quel monde je vis. Moi, je n'ai pas eu cette enfance-là. Je n'ai pas fait partie d'un environnement où j'ai été témoin ou victime d'intimidation. De voir qu'une enfant s'enlève la vie parce qu'elle est trop malheureuse, qu'elle ne peut plus vivre avec ça, ça me bouleverse et ça me fait peur.»

Enfin, l'animateur et la lectrice de nouvelles de «Salut, bonjour!», Gino Chouinard et Ève-Marie Lortie, ont eux aussi exprimé leur impuissance devant le terrible geste posé par Marjorie Raymond. Tandis que le premier affirme avoir parlé avec de jeunes victimes d'intimidation en milieu scolaire, la seconde se préoccupe de l'avenir de sa fillette, Corinne.

«Je me définis comme une maman inquiète, parce que je ne sais pas ce qui attend ma fille à l'école, avec ses amis, sur les réseaux sociaux. Les filles, on manque de solidarité les unes envers les autres. Je pense que c'est un travail de parent», a souligné la communicatrice.

Marjorie Raymond a mis fin à ses jours lundi dernier après avoir été victime d'intimidation à son école. Elle avait 15 ans et vivait à Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie.



Le Québec outillé pour combattre l'intimidation sur Facebook

Publié le 01 décembre 2011 à 14h38 | Mis à jour le 02 décembre 2011 à 07h19

  

Paul Journet
La Presse

(Québec) Québec dispose déjà des outils juridiques pour combattre le harcèlement sur Facebook et les autres réseaux sociaux, soutient Pierre Trudel, titulaire de la chaire L.R. Wilson sur le droit des technologies de l'information et du commerce électronique.

Jeudi, le Parti québécois a proposé au gouvernement libéral de s'inspirer de la France et d'intervenir auprès de Facebook pour limiter le harcèlement entre élèves. «Le PQ n'en a pas parlé, il a peut-être oublié, mais il a lui-même adopté une loi en 2001 qui permet de le faire. C'est la loi concernant le cadre juridique des technologies de l'information», rappelle Me Trudel, qui prépare un livre sur la responsabilité légale des réseaux sociaux.

Aux États-Unis, les sites internet jouissent presque d'une immunité. Pas au Québec, explique le professeur. Si Facebook diffuse du harcèlement et ne le retire pas après avoir été prévenu, on peut le sanctionner. Il ajoute que les usagers de Facebook ont accepté de respecter certaines normes en créant leur compte. «Mais presque personne ne lit ce document», note-t-il.

En vertu de ces critères, les internautes peuvent déjà signaler le contenu inconvenant sur Facebook. «Ce n'est toutefois pas évident de savoir où cliquer», concède Me Trudel. Il pourrait donc être pertinent, selon lui, de mandater un organisme, par exemple les commissions scolaires ou les directions d'école, pour traiter les plaintes contre Facebook. En France, l'OBNL e-enfance s'en charge, a relevé Sylvain Gaudreault, critique du PQ en matière d'éducation primaire et secondaire.

De telles interventions existent aussi au Canada. En 2009, la commissaire à la protection de la vie privée du Canada a demandé à Facebook de mieux protéger les renseignements personnels des usagers.

Éviter la chasse aux sorcières

«Il ne faut pas tomber dans la chasse aux sorcières, prévient Me Trudel. Même si un message est offensant ou de mauvais goût, il n'est pas forcément illégal. Ce qui n'est pas permis, c'est le harcèlement, comme les menaces ou les attaques répétées sur un aspect de sa personne. Il faut tenir compte de la gravité et du contexte pour évaluer chaque cas.»



Mort de la jeune Marjorie Raymond Les services d'aide débordés d'appels

Première publication 1 décembre 2011 à 12h49

Crédit photo : Gracieusité TVA Nouvelles

Le suicide de la jeune Marjorie Raymond, victime d'intimidation à l'école, suscite encore des réactions aujourd'hui.

Les centres d'aide sont débordés d'appels d'élèves ou de parents d'élèves victimes d'intimidation. tout comme, d'ailleurs, la Fondation Jasmin Roy, qui lutte contre l'intimidation et la violence en milieu scolaire.

«Ça n'a pas dérougi depuis la malheureuse nouvelle du suicide de Marjorie. Ça a eu des conséquences. Ça a fait boule de neige, en fait, vers d'autres enfants et d'autres parents qui vivent sensiblement la même chose qu'on vécu Marjorie et sa mère», dit Cédric Beauregard, directeur général de la fondation.

Ces personnes qui appellent, la fondation les redirige vers des organismes qui ont développé une expertise dans le traitement d'appels de détresse, comme Tel-Jeunes, Jeunesse J'écoute, la Ligne Parents, Suicide-action ou Gai-écoute.

Briser le silence

Cela dit, tant à la Fondation Jasmin Roy que chez d'autres organismes contactés par TVA Nouvelles, on déconseille aux parents de retirer de l'école leurs enfants qui seraient victimes d'intimidation. Cela équivaudrait, dit-on, à pénaliser encore les enfants.

On suggère plutôt aux parents d'établir un dialogue avec les autorités scolaires pour trouver des solutions. Également, on conseille aux parents de faire un suivi serré des pages Facebook de leurs enfants et d'enregistrer les messages qui seraient assimilables à de l'intimidation



École polyvalente Arvida Caméras dans les toilettes pour contrer l’intimidation

Première publication 1 décembre 2011 à 12h22

Crédit photo : TVA Nouvelles Par Sonia Lavoie | TVA Nouvelles

Le suicide de Marjorie Raymond, une autre jeune victime d'intimidation, pousse certains intervenants à se demander s'il ne faut pas augmenter dans les écoles la présence de caméras de surveillance.

Dans une école secondaire de Saguenay, c'est justement ce qu'on a fait il y a un peu plus d'un an.

À l'École polyvalente Arvida, c'est dans l'une des salles de toilettes des hommes qu'il a fallu installer une caméra.

C'est que depuis un certain temps, la direction remarquait deux problèmes à cet endroit. D'abord des cas de méfaits, mais surtout un problème d'intimidation.

«J'avais remarqué que certains élèves craignaient même d'entrer dans cette salle de toilette où il se faisait une forme d'intimidation» explique la directrice de l'établissement, Danielle Racine.

Une caméra a donc été installée juste au dessus des cabinets, mais dirigée vers l'entrée et les lavabos. Aucune image ne peut donc être captée à l'intérieur des cabinets et aux urinoirs, les élèves sont de dos.

Depuis l'installation de ce dispositif, plus aucun problème de vandalisme et fini l'intimidation. «Je pense que c'est un moyen très efficace, mais ça n'enlèvera jamais la surveillance faite par les enseignants, les surveillants et le personnel de soutien», explique Mme Racine.

L'installation de cette caméra respecte-t-elle cependant le droit à la vie privée des étudiants? «Tout à fait», nous répond Me Jean-Marc Fradette, criminaliste.

«Pourvu que la caméra soit visible, qu'une affiche en informe les utilisateurs et que les élèves aient droit à leur vie privée dans les cabinets et aux urinoirs.»

«Les parents ne doivent pas oublier que parfois, il peut y avoir des règlements de comptes dans une salle de toilettes. Je pense qu'ils ont intérêts à savoir que leurs jeunes sont en sécurité grâce à ces caméras-là», ajoute-t-il.

L'école polyvalente Arvida compte 16 caméras dans son institution. Une autre école secondaire de Saguenay nouvellement reconstruite en raison d'un incendie est cependant équipée de 32 caméras de surveillance.



Intimidation «Marjorie a choisi la même porte de sortie que David»

Première publication 1 décembre 2011 à 09h52

Crédit photo : archives Agence QMI

Caroline Lachance, maman de David Fortin, disparu depuis le 10 février 2009. L'adolescent vivait de l'intimidation à son école secondaire.

TVA Nouvelles

S'il est une mère qui peut comprendre la douleur de voir son adolescent souffrir de se faire intimider jour après jour et choisir une solution extrême pour s'en sortir, c'est Caroline Lachance dont le fils David Fortin est disparu depuis près de trois ans.

«Tout ce que j'entends sur la petite Marjorie, c'est tout à fait ce que David vivait. Ça fait très mal d'autant plus que notre fille aussi s'appelle Marjorie», a relaté Mme Lachance en entrevue sur les ondes de LCN, jeudi.

«Je serai sûrement critiquée, mais mon enfant je ne le renverrais pas à l'abattoir. Je le garderais à la maison, et je défierais la DPJ de venir m'enlever mon fils.»

Marjorie Raymond, 15 ans, s'est enlevé la vie lundi, car elle ne voyait plus de solution au calvaire que lui faisaient vivre des élèves de son école à Sainte-Anne-des-Monts.

«Le gouvernement a réagi au suicide d'une jeune fille, mais pas à la disparition d'un jeune homme qui vivait aussi de l'intimidation», déplore la mère du jeune Fortin.

«J'ai toujours dit que la victime avait besoin d'aide, et il faut faire quelque chose pour l'agresseur. Je félicite la ministre Beauchamp, qui je pense, a mis le doigt sur une grosse partie du bobo en ciblant aussi ceux qui agressent.»

Garder son enfant à la maison

Parce que Marjorie s'était absentée de l'école avec l'accord de sa mère pour échapper à ceux qui l'intimidaient, la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) s'en était mêlée.

«Je serai sûrement critiquée, mais mon enfant je ne le renverrais pas à l'abattoir. Je le garderais à la maison, et je défierais la DPJ de venir m'enlever mon fils. C'est peut-être le seul conseil que je pourrais donner aux parents de garder leurs enfants chez eux», fait savoir Caroline Lachance.

Pourquoi Marjorie s'est-elle suicidée? Pourquoi David a-t-il fugué? «Ils ont choisi cette porte de sortie-là, parce qu'ils ne voyaient plus clair, avance Mme Fortin. Ils n'étaient plus capables d'avoir un jugement bon pour eux. C'est aux parents d'agir et la seule solution est, je pense, de garder nos enfants chez nous.»

Quand l'amour ne suffit plus

La maman de David Fortin raconte que son fils âgé de 14 ans avait fait une courte fugue avant qu'il quitte le domicile familial d'Alma pour ne plus y revenir, en février 2009.

«Par la suite, je l'avais gardé à la maison. Je le voyais vivre à nouveau. Et quand je l'ai remis à l'école, il ne s'est pas obstiné. Il savait qu'il fallait qu'il y retourne à cause de la DPJ qui oserait peut-être nous l'enlever», sanglote Caroline Lachance.

«Quand un enfant est rendu qu'il quitte le nid familial où il y a plein d'amour ou qu'il s'enlève la vie, et que ce nid-là n'est pas assez fort [contre l'intimidation] pour le garder à la maison, il faut qu'il soit rendu très loin dans ses problèmes.»

Caroline Lachance est privée de son fils depuis trop longtemps. Garde-t-elle toujours espoir de le revoir? «J'espère que le vrai père Noël passera cette année.»



Jeux de guerre

Publié le 01 décembre 2011 à 06h00 | Mis à jour le 01 décembre 2011 à 06h00

La question de l'intimidation à l'école est revenue à l'avant-plan au Québec.

Photo: David Boily, Archives La Presse

Mario Roy
La Presse

À partir de la même lubie rousseauiste qui nous a donné le « bon sauvage », il est convenu que l'enfant est naturellement incapable de faire le mal. Il ne le pourra qu'une fois corrompu par la civilisation. «Si les enfants / Prenaient les choses en mains / Ce serait beaucoup mieux / La vie serait un jeu», proclame une chansonnette populaire sur l'internet.

Or, c'est faux.

À l'état naturel, l'enfant est centré sur lui-même, formidablement orgueilleux, largement insensible au malheur des autres, ignorant de ce qu'est le mal, capable d'une stupéfiante méchanceté. Et c'est la civilisation qui, justement, le civilise petit à petit.

Aucun lieu n'est plus cruel qu'une cour d'école. Ou plutôt si. Il y a ces champs de bataille du tiers monde où les enfants transformés en soldats par de monstrueux chefs de guerre «sont bien souvent les plus durs, les plus brutaux, les plus déchaînés, les plus enthousiastes, les plus cinglés, des combattants», notait Bernard-Henri Lévy* après avoir vu de près cette horreur.

C'est une vérité désagréable à entendre, mais les enfants aiment les jeux de guerre. Des jeux qui font des morts, parfois.

***

La jeune Marjorie Raymond de Sainte-Anne-des-Monts a apparemment été victime de cette sorte de jeu, poussée au suicide par de l'intimidation de cour d'école. L'événement a profondément choqué le Québec et, hier, les commentaires ont été nombreux et variés.

Ceux des autorités, d'abord. Soucieuses de se disculper. Promptes à accabler la... civilisation. Saisissant l'occasion de réclamer de l'État davantage de subsides, en vertu de la bonne vieille règle québéco-socio-démocrate voulant qu'il appartient à l'argent, et à l'argent seul, de tout régler.

D'autres commentaires sont venus d'enfants eux aussi intimidés, et même de quelques «intimideurs». Chez les premiers, on voit une grande résignation devant un mal inguérissable qui fait de l'école un champ de bataille. Chez les seconds, reviennent les mots: jeu, plaisir, pouvoir, ignorance. Enfin, tant du côté des autorités que chez les jeunes, existe un consensus: les outils informatiques de communication ont beaucoup, beaucoup, aggravé le problème.

Que faire? Deux choses, peut-être.

Un: former les enfants pour que, non seulement ils n'intimident pas, ne harcèlent pas, ne cherchent pas à faire du mal. Mais, plus, qu'ils n'admettent plus l'intimidation autour d'eux, le plus pressant besoin des «intimideurs» étant d'avoir les rieurs de leur côté.

Et deux: cesser de faire de l'angélisme et voir les enfants pour ce qu'ils sont, des êtres non achevés qui ont parfois besoin d'être sévèrement punis - terme obscène dont il n'est pas certain qu'il figure encore au dictionnaire d'une société dégoulinante de bons sentiments.

*Dans Réflexions sur la Guerre, le Mal et la fin de l'Histoire, 2001.



Suicide de Marjorie Raymond: la classe politique s'indigne

Publié le 01 décembre 2011 à 05h00 | Mis à jour le 01 décembre 2011 à 05h00

Ébranlé par le suicide de Marjorie Raymond, le premier ministre Jean Charest a offert hier ses condoléances aux parents, à la famille et aux amis de l'adolescente de 15 ans.

La Presse Canadienne

Jean-Marc Salvet
Le Soleil

(Québec) Le premier ministre Jean Charest et tous les responsables politiques québécois se sont dits ébranlés, hier, par le suicide d'une adolescente de 15 ans, victime d'intimidation à son école. Mais que faire pour juguler ce type de violence?

Chaque école doit identifier un «répondant» vers qui les jeunes pourraient se tourner en cas de problème, avance le directeur général de la Fondation Jasmin-Roy, Cédrick Beauregard. Son organisme lutte contre l'intimidation en milieu scolaire.

«Il doit y avoir, dans chaque école du Québec, une personne responsable du dossier de la lutte contre l'intimidation et la violence, une personne capable d'assurer les suivis nécessaires - que ce soit le psychoéducateur, la psychologue ou quelqu'un d'autre. C'est bien de dire qu'il faut que l'intimidation cesse, mais il y a des mesures à prendre.»

M. Beauregard se demande ce qu'il est advenu des 17 millions $ accompagnant le Plan d'action 2008-2011 pour prévenir et traiter la violence à l'école. L'argent transite par les commissions scolaires avant d'être versé aux écoles. «A-t-il été utilisé à bon escient? La question se pose, car il semble que les écoles manquent de ressources pour intervenir.» Pour Cédrick Beauregard, le plan d'action doit être relancé. Et bonifié.

Le premier ministre Jean Charest a offert, hier, ses condoléances aux parents, à la famille et aux amis de Marjorie Raymond, qui fréquentait l'école Gabriel-Le Courtois, à Sainte-Anne-des-Monts.

«Il n'y a rien de pire qu'un scénario comme celui-là, a observé M. Charest. Comme société, il faut s'interroger sur ces problèmes. Ils se posent pour plusieurs jeunes - filles et garçons - qui, malheureusement, se sentent persécutés à un point tel qu'ils ne voient pas d'autre issue que de s'enlever la vie. C'est un drame terrible.»

«Ça m'a tiré les larmes. On pense toujours à nos propres enfants», a témoigné la chef de l'opposition officielle, Pauline Marois. Elle estime «qu'il faut trouver une façon pour que ceux qui sont en charge, que ce soit dans les écoles, dans les commissions scolaires, dans les directions de protection de la jeunesse ou dans nos centres de services sociaux puissent être capables d'échanger entre eux et d'intervenir quand arrivent des situations comme celle-là».

«À l'évidence, le plan [gouvernemental] est un échec», a lancé la chef du Parti québécois. Elle a noté que les graves difficultés de Marjorie Raymond ont perduré pendant trois ans; que ses parents ont alerté l'école à plusieurs reprises.

Le péquiste Sylvain Gaudreault a exhorté la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, à «s'engager sans délai». «Ce que nous lui demandons, ce que les parents demandent, ce que les écoles demandent, c'est d'agir immédiatement avec des moyens et des ressources.»

«S'il y a d'autres gestes à poser, on va les poser», a assuré le premier ministre.

Line Beauchamp a exprimé son «indignation». «L'histoire de Marjorie, ce n'est pas seulement bouleversant, ça suscite de l'indignation.» Pour la ministre, il est cependant clair que l'école ne peut tout régler. «Il faut qu'un ensemble d'acteurs soient mobilisés et concernés. Ça comprend les services policiers.»

La titulaire de l'Éducation a comparé la situation avec «la violence faite aux femmes, qui, il y a plusieurs générations, était banalisée».

«C'est avec de multiples efforts, puis avec une mobilisation de tous les acteurs qu'on en est venus à être capables de dire que ce n'était pas tolérable. C'est la même chose pour les gestes d'intimidation entre jeunes.»

Concrètement, Mme Beauchamp s'est engagée à «trouver les bons moyens» pour «qu'on s'occupe et qu'on intervienne de la bonne façon auprès du jeune agresseur et auprès de sa famille».

«Faire une différence»

«Il est ultra-pertinent que les pouvoirs publics s'interrogent, se questionnent et mettent en œuvre des mesures pouvant faire une différence», confie Bruno Marchand, directeur général de l'Association québécoise de prévention du suicide. Il le faut, insiste-t-il, «même si le suicide est un phénomène complexe qu'on peut très rarement réduire à une seule cause».

«L'intimidation dans les écoles existe. Tant qu'il y aura des cas, ça méritera qu'on s'y attarde.»

De façon plus large, Bruno Marchand déplore que le suicide puisse être perçu comme une solution pour mettre fin à des souffrances. «Comme société, on doit se dire et comprendre que ça ne doit jamais et jamais être la porte de sortie à des problèmes.»



Suicide de Marjorie Raymond: un enfer causé par l'intolérance

Publié le 01 décembre 2011 à 05h00 | Mis à jour le 01 décembre 2011 à 07h53

  

Tant pour la mère de Marjorie Raymond, Chantal Larose, que sa grand-mère, Ginette Hétu, et son grand frère, Grégory, l'intimidation est l'unique cause du suicide de l'adolescente.

Collaboration spéciale Johanne Fournier

Johanne Fournier, collaboration spéciale Le Soleil

(Sainte-Anne-des-Monts) Pour les proches de Marjorie Raymond, qui s'est enlevée la vie lundi à Sainte-Anne-des-Monts après avoir dénoncé l'intimidation dont elle était victime, son milieu scolaire et social représentait, pour elle, un véritable enfer. Selon son grand frère, Grégory Raymond, le manque de tolérance du milieu est à l'origine des problèmes que vivait sa sœur.

«La première année que nous sommes arrivés dans la région, moi aussi, j'ai été victime d'intimidation», se souvient le garçon de 17 ans, qui fréquente la même école que Marjorie, soit l'école secondaire Gabriel-Le Courtois, qui compte 500 élèves. «Je me faisais toujours dire que je ne venais pas d'ici et qu'on ne m'aimait pas la face.»

«Quand elle est arrivée par ici, Marjorie n'avait pas le même linge que les autres», souligne le conjoint de sa grand-mère, Gérald Dupuis. «Elle a tout fait pour s'intégrer et se faire accepter. Comme elle arrivait de la Montérégie, elle avait une façon de parler qui était différente des gens de Sainte-Anne-des-Monts. Elle a alors commencé à parler comme les gens d'ici.»

Depuis les dernières semaines, Marjorie avait confié à certaines de ses amies et à sa mère qu'elle n'en pouvait plus. «Elle qui avait toujours été douce et qui répandait beaucoup d'amour autour d'elle, était devenue agressive ces derniers temps, commente la maman. On ne la reconnaissait plus.»

Agression

Selon Chantal Larose, le mal de vivre de sa fille a dégénéré au début de novembre lorsque, selon elle, une collègue de classe l'a empoignée par-derrière et lui a enfoncé la tête dans son casier. L'adolescente qui serait à l'origine de l'agression a alors été suspendue par la direction de l'école pendant cinq jours. Sur sa page Facebook, la présumée intimidatrice s'est vantée de son exploit et trouvait sa punition plutôt drôle. «Suspendue 5 jours. Ah! Ah! Ah! C'est pas pire!», peut-on lire sur son compte Facebook. Un peu plus loin, elle confirme s'être battue avec Marjorie Raymond.

Depuis le suicide de cette dernière, l'adolescente en cause dans cette affaire a reçu une centaine de messages, dont plusieurs à caractère haineux. Certains vont même jusqu'à l'accuser d'être coupable de la mort de Marjorie Raymond.

«Ce n'est pas d'hier qu'il y a des problèmes d'intimidation», constate un éducateur spécialisé et vice-président du Centre de pédiatrie sociale communautaire Haute-Gaspésie, Alain Richard. «Mais je m'inquiète des risques collatéraux entourant le suicide de Marjorie.»



Suicide de Marjorie Raymond: il ne faut pas chercher de coupables, dit une spécialiste

Publié le 01 décembre 2011 à 05h00 | Mis à jour le 01 décembre 2011 à 09h25

 

De la maternelle au secondaire, les élèves devraient avoir une période allouée dans leur grille-horaire pour discuter de la vie en société, suggère professeure en enseignement de l'Université Laval Claire Beaumont. «Les jeunes doivent parler de ce qu'ils vivent, de la gestion de la colère, des conflits», illustre-t-elle.

Photothèque Le Soleil

Annie Mathieu Le Soleil

(Québec) Lorsqu'un drame comme celui du suicide de Marjorie Raymond survient, il ne faut pas chercher à tout prix à désigner un coupable, estime la professeure en enseignement de l'Université Laval Claire Beaumont, qui souligne par ailleurs que la prévention de l'intimidation à l'école ne revient pas uniquement au ministère de l'Éducation.

«On aura beau avoir plus de programmes de prévention, l'important, c'est que les Québécois soient conscientisés de l'importance du problème», affirme la codirectrice de l'Observatoire canadien pour la prévention de la violence à l'école. Elle juge qu'il est dommage que les établissements scolaires soient aussi critiqués sans savoir ce qui a réellement été fait.

De la maternelle au secondaire, les élèves devraient avoir une période allouée dans leur grille-horaire pour discuter de la vie en société, suggère Mme Beaumont. «Les jeunes doivent parler de ce qu'ils vivent, de la gestion de la colère, des conflits», illustre-t-elle.

Selon Claire Beaumont, c'est dans les écoles où des ateliers de ce type ont été instaurés que la violence a diminué. «L'intimidation ne provient pas uniquement des élèves qui sont identifiés avec des problèmes de comportement», souligne-t-elle, citant en exemple les «guerres de popularité» qui peuvent mener à des gestes ou des paroles malheureuses.

«Ça ne devrait pas arriver»

Par ailleurs, entre 85 et 90 % des jeunes connaissent de l'intimidation, selon Claire Beaumont. «Ce qui est pénible, c'est quand une personne le vit à répétition», explique celle qui se dit attristée par le suicide de la jeune gaspésienne. «Ça ne devrait pas arriver», ajoute celle qui se dit néanmoins encouragée par les avancées d'autres pays comme la Suède, où le problème de la violence à l'école a été soulevé dès les années 70.

«Au Québec, on n'en parle que depuis les années 90», souligne la spécialiste, qui reconnaît néanmoins que cela peut prendre du temps avant que les mentalités changent, comme cela a été le cas pour le tabagisme ou l'alcool au volant.



Suicide de Marjorie Raymond: le ministère de l'Éducation défend son Plan d'action

Publié le 01 décembre 2011 à 05h00 | Mis à jour le 01 décembre 2011 à 09h21

Pour faciliter la mise en place d'interventions efficaces en prévention et en traitement de la violence à l'école, les commissions scolaires reçoivent un montant annuel de 1000 $ pour chacune de leurs écoles primaires et secondaires.

Photothèque Le Soleil

Jean-Marc Salvet
Le Soleil

(Québec) Les sommes dévolues au Plan d'action pour prévenir et traiter la violence à l'école sont versées aux commissions scolaires, qui les répartissent ensuite entre leurs écoles.

Le ministère de l'Éducation a transmis au Soleil, mercredi, les informations suivantes :

«Pour faciliter la mise en place d'interventions efficaces en prévention et en traitement de la violence à l'école», les commissions scolaires reçoivent un montant annuel de 1000 $ pour chacune de leurs écoles primaires et secondaires. Près de 7 millions $ ont été versés depuis 2008-2009 pour cette mesure.

Aussi, près de 3 millions $ ont été octroyés pour libérer des «personnes-ressources» dans les commissions scolaires.

Enfin, plus de 5 millions $ ont été accordés depuis 2008-2009 «pour assurer un soutien aux victimes et aux témoins d'actes de violence, ainsi qu'un suivi pédagogique et psychosocial aux élèves suspendus ou expulsés et pour favoriser leur intégration à l'école».

Jusqu'ici, 15,5 millions $ ont été consentis pour la mise en œuvre du plan. Les établissements d'enseignement privé offrant «une formation générale aux jeunes» reçoivent, chaque année, 1,50 $ par élève pour contrer ce fléau, ajoute le Ministère.



Au lendemain d'un drame

Publié le 01 décembre 2011 à 05h00 | Mis à jour le 01 décembre 2011 à 05h00

Gilbert Lavoie
Le Soleil

(Québec) Personne n'est insensible à une histoire comme celle de Marjorie Raymond, cette adolescente de 15 ans de Sainte-Anne-des-Monts qui a mis fin à ses jours à la suite de ce qui ressemble à un cas d'intimidation.

L'émotion était donc visible, hier, à l'Assemblée nationale, où les parlementaires étaient bouleversés par cette nouvelle. La plupart des élus sont des parents. Le décès de la jeune fille les a attristés et choqués, comme nous tous.

Comme cela se doit, l'opposition a demandé au gouvernement quel suivi on a donné au plan d'action de 2008 visant à prévenir l'intimidation et la violence à l'école. La question est angoissante : est-ce qu'on a vraiment fait tout le nécessaire? L'intimidation à l'école peut se comparer à la violence conjugale : on ne parviendra jamais à l'éradiquer complètement, mais nous avons le devoir de prendre tous les moyens disponibles pour protéger nos enfants.

En avril, la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, a reconnu qu'il fallait bonifier ce plan d'action. Mais la bonification promise n'annonçait pas une hausse des budgets de 17 millions $ sur trois ans qui ont été engagés en 2008.

Ces sommes ont été versées aux commissions scolaires qui avaient pour mandat d'en faire la répartition dans les écoles. Chaque institution d'enseignement devait ensuite désigner une personne responsable de ce dossier. On visait à la fois la prévention de l'intimidation, le soutien aux victimes, et le suivi pédagogique et psychosocial aux élèves suspendus ou expulsés de l'école.

Le meilleur plan au monde ne donnera pas de résultats s'il n'est pas suivi de gestes concrets. La ministre Beauchamp a révélé que certaines écoles n'avaient pas donné suite aux solutions qu'on leur avait proposées. Mais l'école de Sainte-Anne-des-Monts où étudiait la jeune Marjorie avait adhéré au plan d'action du Ministère.

Qu'est-ce qui n'a pas marché? On ne connaîtra jamais le menu détail des circonstances qui ont mené au décès de la jeune fille. L'intimidation et la violence physique ne se limitent pas à la cour de récréation ou aux corridors des écoles. La popularité des réseaux sociaux chez les jeunes a ouvert la porte à des formes beaucoup plus insidieuses d'intimidation et de harcèlement. Les directeurs d'écoles et les professeurs ne peuvent pas savoir tout ce qui se passe sur Facebook, Twitter ou dans les échanges de courriels des étudiants.

Trois ans après la mise en place de ce plan d'action, les parlementaires doivent faire le point. Pourquoi pas une commission parlementaire?

Ce n'est pas la première fois que l'actualité nous amène un cas d'intimidation qui a mal tourné après avoir été soumis à une direction d'école. Les parents du jeune David Fortin, d'Alma, qui est porté disparu depuis le 10 février 2009, s'étaient également plaints de l'intimidation dont leur fils était victime à l'école.

Les budgets alloués à ce problème sont peut-être à revoir, mais l'argent ne réglera pas tout. Si on veut aller plus loin, il faut connaître le constat que font aujourd'hui les étudiants, les professeurs et les directions des écoles primaires et secondaires. Il faut savoir également s'ils ont amélioré leurs méthodes de surveillance et d'intervention. Il faut connaître le résultat des différentes mesures prises par les commissions scolaires. Elles varient souvent d'une commission à une autre.

La solution habituelle des gouvernements devant ce genre de situation est de créer un groupe de travail. Mais il me semble que si j'étais un élu, je voudrais entendre directement les gens du milieu pour savoir ce qui se passe et ce qu'il faut améliorer.



La famille de Marjorie soutient que l'adolescente ne pouvait plus supporter l'intimidation dont elle était victime.

Publié le 01 décembre 2011 à 05h00 | Mis à jour le 01 décembre 2011 à 11h10

Photo tirée de Facebook

Johanne Fournier, collaboration spéciale Le Soleil

(Sainte-Anne-des-Monts) La mère de Marjorie Raymond est catégorique : l'intimidation, qui prenait différentes formes, est la seule cause du suicide de sa fille de 15 ans. «Son mal de vivre, c'était l'école», affirme Chantal Larose.

«Ma fille n'était pas en peine d'amour et ne prenait pas de drogue», continue-t-elle, agacée par les doutes que certains peuvent laisser planer afin d'expliquer la mort de l'adolescente survenue lundi. «Elle n'en pouvait plus de supporter l'intimidation dont elle était victime.»

Selon Mme Larose, les problèmes de Marjorie sont apparus lorsqu'elle et sa famille sont déménagées à Sainte-Anne-des-Monts, en Haute-Gaspésie, il y a trois ans. «Avant, elle allait à l'école de Saint-Pie, en Montérégie, relate la mère. Même si elle n'avait pas des grosses notes, elle se tenait dans la moyenne. Elle était une élève modèle.»

Toujours selon la mère, certaines filles se sont acharnées sur le cas de Marjorie lorsqu'elle est arrivée à l'école secondaire Gabriel-Le Courtois de Sainte-Anne-des-Monts. «Les problèmes ont pris des proportions telles qu'elle a redoublé sa deuxième secondaire», souligne-t-elle.

Cela ne l'a pas empêchée de se classer en deuxième position pour l'obtention de la bourse Accroche-cœur offerte par la Fondation Jean-Michel-Anctil pour sa persévérance scolaire.

L'entrée en troisième secondaire de l'adolescente de 15 ans n'a rien arrangé. «Elle détestait tellement l'école qu'elle manquait beaucoup de jours de classe, sans que je le sache, raconte Chantal Larose. Récemment, la direction de l'école m'a menacée d'appeler la Direction de la protection de la jeunesse si ma fille continuait à manquer de la classe, croyant que le problème était à la maison. De victime, on devenait les coupables des problèmes que vivait Marjorie à l'école. C'est ridicule!»

«Marjorie était jolie, sociable et avait beaucoup d'amis, continue sa mère. Ça provoquait beaucoup de jalousie de la part de quelques filles de sa classe. J'ai demandé de l'aide auprès de la direction, mais on ne faisait jamais rien. La directrice de l'école m'a même dit, une fois, que c'était la faute à Marjorie parce qu'elle était belle!»

La jeune victime serait même allée elle-même rencontrer des intervenants et la direction de l'école. «Ils disaient qu'ils n'avaient pas le temps», déplore Mme Larose.

«Contrairement à ce qui s'est dit dans certains médias, plusieurs actions ont été posées», rétorque le directeur général de la commission scolaire des Chic-Chocs, Jean Letarte. «Des comités ont été mis sur pied, et on a élaboré un protocole d'intervention face à l'intimidation.»

Par ailleurs, l'école, conjointement avec la commission scolaire, a distribué une lettre auprès des élèves afin de les informer, en cas de besoin, des ressources existantes dans l'école et au Centre de santé et de services sociaux de La Haute-Gaspésie.

«On est tous interpellés, et oui, on a une part de responsabilité face à cette situation qui nous attriste», a laissé tomber Jean Letarte.

Invitation au suicide

Au moins 24 pages Facebook ont été créées après le décès de Marjorie Raymond. Un abonné de l'une d'elles a lancé une invitation à un suicide collectif, par solidarité pour la disparue.

Appelé à réagir sur ce point, le directeur de la commission scolaire a répondu : «On n'a pas de contrôle sur ce qui se dit dans les réseaux sociaux.»

La responsable des communications, Marie-Noëlle Dion, s'est empressée d'ajouter que des intervenants avaient été mis au courant et essayaient de rencontrer ceux qui étaient à l'origine de cette invitation.



Laurent Paquin réagit à la mort de Marjorie «Je pense que ceux qui intimident sont des losers»

Première publication 30 novembre 2011 à 19h46 Mise à jour : 30 novembre 2011 à 20h35

Crédit photo : TVA Nouvelles TVA Nouvelles

Mercredi, le comédien Laurent Paquin a réagi au suicide de Marjorie Raymond avec la publication d'une vidéo poignante sur YouTube.

Il reprend le concept de la vidéo Meet Jade (L'histoire de Jade), publiée il y a quelques mois sur YouTube. Dans cette vidéo, une jeune fille ne parle pas, mais raconte son histoire sur des petits cartons blancs. Elle parle d'intimidation, des effets désastreux sur sa vie, racontant comment elle est malheureuse.

Même si la vidéo indique à la fin que Jade s'est suicidée, cette jeune fille ne se serait pas enlevé la vie. Cependant, la vidéo a été visionnée des milliers de fois et a permis de mettre au jour un sujet tabou.

«Je pense que ceux qui intimident sont des losers. Ceux qui ne font rien ne sont pas beaucoup mieux.»

Après avoir appris la nouvelle du suicide de Marjorie Raymond après des années d'intimidation, Laurent Paquin a produit sa propre vidéo, inspirée de celle de Meet Jade, donnant son opinion sur la mort tragique de cette adolescente de la Gaspésie. «Le silence souvent parle plus fort que les mots», explique Laurent Paquin en entrevue à LCN.

«J'ai réalisé que j'ai été témoin d'intimidation et que j'étais fier d'en avoir jamais fait. Peut-être que ça pourrait être un message à passer: il y a moyen de se trouver hot sans rabaisser les autres. Il y a moyen de se valoriser autrement».

«L'histoire de l'autre jeune fille, en Gaspésie, me donne envie de pleurer», écrit Laurent Paquin, qui se dit bouleversé par l'histoire. 

«Je n'ai pas été victime d'intimidation au secondaire. Je me considère chanceux. Je n'ai jamais intimidé quelqu'un non plus. C'est une des choses dont je suis le plus fier de mon secondaire.

«Je pense que ceux qui intimident sont des losers. Ceux qui ne font rien ne sont pas beaucoup mieux.»

Il déplore le fait que les victimes reçoivent peu d'appui, rappelant que l'intimidation n'arrête pas par soi-même.

Il se moque un peu du premier ministre Jean Charest, qui dit qu'il «faut poser des questions.» «Il faut agir», écrit Laurent Paquin, en demandant aux gens d'être solidaires aux victimes d'intimidation.

«On n'arrête pas de se poser des questions», ajoute Laurent Paquin en entrevue.



La vidéo qui a inspiré celle de Laurent Paquin, Meet Jade (L'histoire de Jade) - avec sous-titres: Suicide de Marjorie Raymond Émoi sur les médias sociaux

Première publication 30 novembre 2011 à 16h53

Crédit photo : Gracieuseté Par Roch Courcy | Agence QMI

L'annonce du suicide de la jeune Marjorie Raymond a causé tout un émoi sur les médias sociaux. Des centaines de tweets à ce sujet ont été lancés mercredi, et le nombre n'a cessé d'augmenter au fur et à mesure de la journée.

Il suffisait de faire une simple recherche sur Twitter avec les termes «Marjorie» et «Raymond» pour s'en rendre compte. La plupart des tweets passent de l'indignation à l'incrédulité face à ce sujet délicat.

Selon le site internet Trendsmap, le terme «Raymond» a été recensé comme une tendance dès minuit durant la nuit du 29 au 30 novembre 2011. Une page Facebook en hommage à Marjorie revendique plus de 5000 adeptes. Un événement créé sur Facebook rassemble aussi près de 18 000 personnes.

Photo d'une adolescente intimidatrice

Mercredi matin, peu avant 9h, un utilisateur de Twitter a trouvé le statut Facebook d'une jeune fille qui avait intimidé Marjorie Raymond. Il a pris une capture d'écran du statut et l'a ensuite envoyé sur Twitter.

Avant d'être supprimée peu avant mercredi midi, la photo a été visionnée plus de 12 000 fois. Un peu plus tard, le nom de l'utilisateur (qui a mis la photo du statut en ligne), ainsi que les termes «bullying» (intimidation en anglais), «intimidation» et «bouleversé» sont aussi devenus des tendances Twitter à Montréal.

Dans la capture d'écran, on pouvait facilement voir le nom de la jeune intimidatrice. Puisque le statut de la jeune fille est public, il a été facile, pour les utilisateurs Facebook, d'aller commenter et de le partager.

Publié le 1er novembre dernier, il est encore en ligne et fait l'objet de commentaires virulents depuis mercredi matin. Environ 120 commentaires ont été écrits et il a été partagé près de 730 fois sur Facebook. La jeune intimidatrice devient, en quelque sorte, elle aussi une victime d'intimidation.

Toujours en lien avec le suicide de Marjorie Raymond, une page Facebook cause aussi une vive réaction sur les médias sociaux. La page nommée «Organiser un suicide collectif géant en l'hommage de Marjorie Raymond» est l'objet de critiques. Chaque statut publié entraîne environ une cinquantaine de commentaires, et ce, même si la page compte environ 40 adeptes.

Mercredi matin, le journaliste techno, Dominic Arpin, comptant des milliers d'abonnés sur Facebook et Twitter, a publié sur son site Internet, la vidéo «Losers» qui vise à sensibiliser la population et les jeunes face à l'intimidation. La vidéo, amplement partagée, est souvent accompagnée par un commentaire qui invite tout le monde à dénoncer l'intimidation.

Toutes ces réactions prouvent que le suicide de Marjorie Raymond ne laisse personne indifférent et, à l'ère des médias sociaux, on se rend compte que les responsables d'un acte répréhensible comme l'intimidation peuvent rapidement être pointés du doigt.



La mort de Marjorie fait réagir Le Québec entier secoué

Première publication 30 novembre 2011 à 16h48 Mise à jour : 30 novembre 2011 à 18h30

Crédit photo : TVA Nouvelles

TVA Nouvelles

À lire également sur le sujet:

La commission scolaire cherche à comprendre La classe politique sous le choc

La mère de Marjorie Raymond, une victime de l'intimidation qui a mis fin à ses jours lundi, invite les jeunes à dénoncer ces situations et déplore le manque de ressources pour y faire face dans nos écoles.

Vingt-quatre heures après s'être confiée à Mon Topo, Chantal Larose a accordé une nouvelle entrevue au cours de laquelle elle a dit espérer que ses paroles aient une portée positive afin que sa fille ne soit pas morte pour rien.

Voyez l'entrevue complète ici.

«Je ne veux pas que le geste de Marjorie soit gratuit. Je veux que ça serve à faire bouger les choses dans le système», a déclaré la mère endeuillée, pour expliquer ses interventions dans les médias.

Mme Larose invite aussi ceux qui sont témoins d'une situation d'intimidation à la signaler. «Je sais que personne ne veut dénoncer personne, même les victimes, de peur que ça soit pire.»

Situation connue

Marjorie n'était pas la seule à s'être plainte des mauvais traitements dont elle souffrait à l'école. Autour d'elle, plusieurs ont témoigné, acquiesçant au fait que la jeune fille subissait de l'intimidation.

«On manque de ressources à l'école. Il n'y a pas assez de surveillants, ils ne peuvent pas être partout en même temps», déplore la mère de trois enfants, qui insiste pour dire qu'«il ne faut pas prendre ça à la légère».

«Ils disent que c'est tolérance zéro, à l'école. Mais quand survient un incident physique à l'école, la personne est retirée quelques jours, puis elle revient, on efface et on recommence.» Elle croit qu'un suivi doit être fait autant auprès de la victime que de l'agresseur.

«Au bout du rouleau»

La mère de l'adolescente a sollicité l'aide de la direction de l'école à plusieurs reprises, mais la réponse a été insuffisante. «C'était banalisé», croit-elle.

Marjorie Raymond a subi de l'intimidation dès le début de l'année scolaire, à partir d'un conflit qui aurait dégénéré. «Vu que des choses étaient arrivées dans les années précédentes, elle s'était dit: cette fois-là, je ne me laisserai plus faire», rapporte Mme Larose.

«Marjorie avait un but dans la vie, elle savait ce qu'elle voulait faire plus tard, mais elle n'était plus capable d'aller s'asseoir dans sa classe. À un moment donné, tu ne peux plus.»

Pour éviter que sa fille soit suspendue en plus de subir de l'intimidation, sa mère l'a alors invitée à s'adresser à la direction ou à des intervenants disponibles. La violence physique avait cessé, mais la violence verbale se poursuivait. L'adolescente a aussi reçu des textos menaçants. «Les mots peuvent faire aussi mal que la violence physique», rappelle la dame.

«Je pense que Marjorie était au bout du rouleau, poursuit Mme Larose. Elle avait un but dans la vie, elle savait ce qu'elle voulait faire plus tard, mais elle n'était plus capable d'aller s'asseoir dans sa classe. À un moment donné, tu ne peux plus», conclut la mère de la jeune fille.

Chantal Larose souhaite que personne n'ait à vivre un deuil comme le sien. Elle aborde néanmoins la suite avec courage. «C'est Marjorie qui me donne cette force. C'est un message de désespoir qu'elle a lancé et je veux que ça serve à quelque chose.»

Les funérailles de Marjorie, qui avait 15 ans lorsqu'elle s'est enlevée la vie, auront lieu à Granby samedi prochain.



Suicide d'une ado: mieux intervenir auprès des élèves intimidateurs, dit Beauchamp

Publié le 30 novembre 2011 à 16h43 | Mis à jour le 30 novembre 2011 à 16h43

La ministre de l'Éducation Line Beauchamp

La Presse Canadienne   Alexandre Robillard Québec

La ministre de l'Éducation Line Beauchamp croit qu'il faut améliorer les moyens d'intervention auprès des élèves intimidateurs.

Réagissant au suicide d'une adolescente qui était victime d'intimidation, Mme Beauchamp a déclaré mercredi qu'elle était bouleversée. «Qu'un jeune de 15 ans choisisse le suicide, c'est toujours bouleversant, a-t-elle dit lors d'un point de presse. On sent que c'est inacceptable dans notre société.

«Et là, le contexte de ce geste-là posé par la jeune Marjorie, il semble bien que ce soit dans un contexte où elle aurait vécu de l'intimidation au cours des derniers jours ou des dernières années autour de son école.»

La ministre a affirmé que le milieu scolaire n'est pas le seul responsable d'intervenir auprès des élèves intimidateurs et c'est pourquoi elle souhaite notamment une mobilisation des services policiers et municipaux.

«Tout le monde est conscient que la réponse à cette question de la violence ne repose pas uniquement entre les mains du professeur ou du directeur d'école», a-t-elle dit.

Mme Beauchamp a expliqué que son ministère se penchera sur les moyens à mettre en œuvre auprès des jeunes agresseurs et de leurs familles.

«Je pense que là il faut mettre l'accent sur: j'interviens comment auprès de l'agresseur et aussi de sa famille et de ses parents, a-t-elle dit. Il y a une notion de responsabilité qui doit surgir.»

Du travail à faire

Le premier ministre Jean Charest a déclaré que le travail doit toujours se continuer afin d'éviter ce genre de drames.

M. Charest a offert ses condoléances à la famille et aux amis de Marjorie Raymond, une adolescente de 15 ans qui s'est enlevé la vie lundi à Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie.

«Comme société il faut s'interroger sur ces problèmes-là qui se posent pour plusieurs jeunes filles et garçons qui malheureusement se sentent persécutés à un point tel qu'ils ne voient pas d'autres issues que de s'enlever la vie», a-t-il dit.

La chef péquiste Pauline Marois a pour sa part affirmé qu'il faut réviser les façons de faire en vigueur pour lutter contre l'intimidation.

Mme Marois a affirmé que les écoles, les commissions scolaires, les directions de protection de la jeunesse et les centres de services doivent pouvoir mieux communiquer pour intervenir dans ce genre de situations.

«Quand le programme ne donne pas les résultats, ça veut dire qu'il faut réviser le programme, réviser les façons de faire, a-t-elle dit. Il y a quelque chose qui ne va pas. L'école a été informée, il y a eu des interventions des parents et cette jeune fille a continué d'être intimidée.»



Il faut mieux intervenir auprès des élèves intimidateurs, dit Beauchamp

Publié le 30 novembre 2011 à 16h32 | Mis à jour le 30 novembre 2011 à 16h32

Archives La Tribune | Alexandre Robillard La Presse Canadienne Québec

La ministre de l'Éducation Line Beauchamp croit qu'il faut améliorer les moyens d'intervention auprès des élèves intimidateurs.

Réagissant au suicide d'une adolescente qui était victime d'intimidation, Mme Beauchamp a déclaré mercredi qu'elle était bouleversée.

«Qu'un jeune de 15 ans choisisse le suicide, c'est toujours bouleversant, a-t-elle dit lors d'un point de presse. On sent que c'est inacceptable dans notre société.

«Et là, le contexte de ce geste-là posé par la jeune Marjorie, il semble bien que ce soit dans un contexte où elle aurait vécu de l'intimidation au cours des derniers jours ou des dernières années autour de son école.»

La ministre a affirmé que le milieu scolaire n'est pas le seul responsable d'intervenir auprès des élèves intimidateurs et c'est pourquoi elle souhaite notamment une mobilisation des services policiers et municipaux.

«Tout le monde est conscient que la réponse à cette question de la violence ne repose pas uniquement entre les mains du professeur ou du directeur d'école», a-t-elle dit.

Mme Beauchamp a expliqué que son ministère se penchera sur les moyens à mettre en œuvre auprès des jeunes agresseurs et de leurs familles.

«Je pense que là il faut mettre l'accent sur: j'interviens comment auprès de l'agresseur et aussi de sa famille et de ses parents, a-t-elle dit. Il y a une notion de responsabilité qui doit surgir.»

Le premier ministre Jean Charest a déclaré que le travail doit toujours se continuer afin d'éviter ce genre de drames.

M. Charest a offert ses condoléances à la famille et aux amis de Marjorie Raymond, une adolescente de 15 ans qui s'est enlevé la vie lundi à Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie.

«Comme société il faut s'interroger sur ces problèmes-là qui se posent pour plusieurs jeunes filles et garçons qui malheureusement se sentent persécutés à un point tel qu'ils ne voient pas d'autres issues que de s'enlever la vie», a-t-il dit.

La chef péquiste Pauline Marois a pour sa part affirmé qu'il faut réviser les façons de faire en vigueur pour lutter contre l'intimidation.

Mme Marois a affirmé que les écoles, les commissions scolaires, les directions de protection de la jeunesse et les centres de services doivent pouvoir mieux communiquer pour intervenir dans ce genre de situations.

«Quand le programme ne donne pas les résultats, ça veut dire qu'il faut réviser le programme, réviser les façons de faire, a-t-elle dit. Il y a quelque chose qui ne va pas. L'école a été informée, il y a eu des interventions des parents et cette jeune fille a continué d'être intimidée.»



Suicide de Marjorie Raymond La classe politique sous le choc

Première publication 30 novembre 2011 à 12h00 Mise à jour : 30 novembre 2011 à 20h34

Crédit photo : Facebook TVA Nouvelles

Le suicide de Marjorie Raymond, victime d'intimidation pendant des années à l'École Gabriel-Le Courtois à Sainte-Anne-des-Monts, a suscité l'indignation des élus à l'Assemblée nationale mercredi.


La chef de l'opposition officielle, Pauline Marois, parle de l'échec du plan d'action pour prévenir la violence dans les écoles. Ce plan qui a vu le jour en 2008 a été reconduit jusqu'en 2011 à raison de six millions de dollars par année, mais ce programme, selon le Parti québécois (PQ), ne répond pas à la demande.



(photo: TVA Nouvelles)

Pauline Marois était visiblement émue alors qu'elle réagissait à la mort de Marjorie Raymond mercredi matin.

«J'ai lu ça ce matin, ça tire les larmes. Il faut absolument qu'une action se mène pour coordonner le travail. Comme dans le cas des Shafia, les signalements avaient été faits, mais on n'est pas intervenu. Il y a un programme, mais quand il ne donne pas de résultats, il faut réviser nos façons de faire.» a commenté la chef du PQ.

Pour sa part, la ministre de l'Éducation Line Beauchamp a expliqué qu'il était important de s'intéresser aux victimes, mais également aux agresseurs. «Je veux que l'accent soit mis sur comment on intervient encore mieux avec les bonnes conséquences auprès de l'agresseur et comment on implique la famille.»

Jean Charest s'est interrogé sur les raisons qui ont poussé cette jeune fille à s'enlever la vie. «Comme société il faut s'interroger sur ces problèmes qui se posent pour plusieurs jeunes filles ou garçons qui malheureusement se sentent persécutés à un point tel qu'ils ne trouvent pas d'autres issues que de s'enlever la vie.»

Soixante-neuf commissions scolaires ont accès au plan pour prévenir la violence dans les écoles. Lorsque présentées aux écoles, les directions choisissent les moyens qu'ils souhaitent mettre de l'avant dans leur établissement.

L'école que fréquentait Marjorie Raymond, Gabriel - Le Courtois était pourvu de ce plan d'action.

«Le suicide de Marjorie dit qu'on doit prendre tout signal d'un enfant au sérieux. Une des clés: qu'on dénonce», affirme Lyne Beauchamp en entrevue à TVA.

Elle ajoute qu'il existe un plan d'action, mais que la solution ne peut pas être seulement dans la main d'un enseignant. La ministre croit que le Québec pourrait se doter d'une loi, comme celle adopté en Ontario mercredi.

«On connait la victime, sa souffrance. Il faut mettre plus d'accent sur les moyens d'interpeller l'agresseur. Il faut avoir des conséquences.»



Suicide de Marjorie Raymond «Je ne veux pas que ça passe sous silence»

Première publication 30 novembre 2011 à 10h55

Crédit photo : Facebook Agence QMI

La mère de l'adolescente de 15 ans victime d'intimidation à l'école, qui s'est enlevée la vie lundi, souhaite que ce drame puisse changer les choses.

Elle a dénoncé la situation en entrevue avec Claude Poirier à l'émission Le vrai négociateur, mercredi, à LCN.

«Il faut que ça donne un son de cloche aux personnes qui intimident. Il ne faut pas que ces situations soient prises à la légère.»

«Je ne veux pas que ça passe sous silence, a mentionné Chantale. Il faut que ça donne un son de cloche aux personnes qui intimident, aux enseignants, à la direction de l'école et aux parents d'enfants qui lancent un appel de détresse. Il ne faut pas que ces situations soient prises à la légère.»

Marjorie Raymond fréquentait l'école Gabrielle-Le-Courtois, à Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie. Ses parents avaient quitté Granby il y a trois ans pour emménager dans la région et son intégration au secondaire a été difficile. Dès les premiers jours elle a été victime d'intimidation physique et verbale.

«Elle a eu des amis, mais beaucoup de gens contre elle. Elle me parlait de jalousie», a relaté sa mère.

La mère d'un adolescent de 17 ans et d'une fillette de 5 ans a raconté que Marjorie était harcelée par une fille dans sa classe.

«Un jour, l'école m'a appelée pour me dire que ma fille s'était battue, parce qu'elle avait dû se défendre. L'autre fille a été suspendue cinq jours, mais quand elle est revenue, c'était pire. Ce n'était plus seulement physique, mais aussi verbal, tout le temps, jour après jour.»

«C'était rendu qu'elle manquait souvent l'école, a poursuivi la mère. La direction menaçait d'appeler la DPJ. Je n'avais pas le choix. Je l'ai poussée dans la gueule du loup, dans son calvaire.»

Aucun appel de l'école depuis la mort de Marjorie

La direction de l'école n'a pas communiqué avec la mère de Marjorie à la suite de son suicide.

Le président de la Commission scolaire des Chics-Chocs, Jean-Pierre Pigeon, a affirmé ne pas avoir été mis au parfum de ce cas d'intimidation. «Au nombre d'élèves que nous avons dans nos établissements, on n'est pas au courant de chaque cas», a-t-il mentionné.

M. Pigeon s'est dit dépassé par les évènements des derniers jours.

«On se sent quelquefois débordé, mais on pose les actions avec les moyens que l'on a. Si le ministère était capable de donner beaucoup plus d'argent, il le ferait, je le comprends. Même si on mettait plus de psycho éducateurs, plus d'intervenants dans nos écoles, je ne pense pas que ça réglerait le problème.»



Suicide de Marjorie Raymond La commission scolaire cherche à comprendre

Première publication 30 novembre 2011 à 09h27 Mise à jour : 30 novembre 2011 à 16h09

Crédit photo : Facebook TVA Nouvelles

La Commission scolaire des Chics-Chocs cherche la faille et tente de comprendre ce qui a pu se passer pour que Marjorie Raymond, victime d'intimidation pendant des années à l'École Gabriel-Le Courtois à Sainte-Anne-des-Monts, mette fin à ses jours.

Le directeur général de la commission scolaire, Jean Letarte, a tenu à faire le point mercredi après-midi à la suite de la médiatisation du suicide de Marjorie. Il a expliqué qu'ils tentaient d'abord de valider l'hypothèse de l'intimidation. M. Letarte reconnaît que la plupart des éléments pointent dans cette direction, mais on cherche d'abord à retracer le fil des événements.

Le directeur de la commission scolaire a également déclaré qu'il tentera de voir où se situe la faille entre les démarches que la mère de Marjorie dit avoir faites et l'absence de suivi. Il ne nie pas que la Commission scolaire des Chics-Chocs soit responsable en partie de la tournure tragique des événements, mais il juge que l'intimidation est un mal de société et que tous ont leur part de responsabilité dans ce genre de situation.

La commission scolaire tentera également de voir si des intervenants ont été témoins des gestes d'intimidation qui se sont produits entre les murs de l'école Gabriel-Le Courtois. «Je peux vous garantir que le personnel est proactif», a assuré Jean Letarte.

Louise Landry, du Centre de santé et de services sociaux de la Haute-Gaspésie, a rappelé qu'une cellule de crise avait été instaurée et que des intervenants sont disponibles 24 heures sur 24 pour ceux qui en ressentent le besoin. Mme Landry a spécifié que ce service serait offert aussi longtemps qu'il y aura une demande.

«Débordé»

Plus tôt mercredi, un représentant de la commission scolaire avait déclaré, en entrevue à TVA Nouvelles, qu'il n'avait pas eu connaissance précisément des appels de détresse faits par la mère de Marjorie à la direction de l'école. «Au nombre d'élèves que nous avons dans nos établissements, on n'est pas au courant de chaque cas», a expliqué Jean-Pierre Pigeon.

Visiblement touché par le drame, M. Pigeon a offert ses condoléances à la famille de Marjorie.

Questionné sur la suite des choses et sur les améliorations qu'il faudrait faire pour mieux intervenir dans les écoles, M. Pigeon a expliqué qu'il n'avait pas de «poignée» pour venir à bout du problème.

«On se sent quelquefois débordé, mais on pose les actions avec les moyens que l'on a. Si le ministère était capable de donner beaucoup plus d'argent, il le ferait, je le comprends. Même si l'on mettait plus de psychoéducateurs, plus d'intervenants dans nos écoles je ne pense pas que ça réglerait le problème.»

Un problème de société

Selon M. Pigeon l'intimidation chez les jeunes est un problème de société et dépasse les frontières des milieux scolaires. Il a expliqué qu'avec les médias sociaux, le phénomène prend encore plus d'ampleur.

«On peut discuter avec nos enfants dans les écoles, mais lorsqu'ils sortent de l'établissement c'est plus difficile. Ça ne s'est pas seulement passé dans nos boîtes, mais dans d'autres milieux. [...] La violence est présente partout dans la société.»

Le président de la commission scolaire a également expliqué que les actions politiques pour prévenir l'intimidation ont déjà été posées. «Le ministère de l'Éducation nous avait fait parvenir un plan d'action qui a été intégré à nos programmes, mais au-delà de la bonne volonté de notre personnel, l'intimidation se passe aussi à l'extérieur.»



Le débat sur l'intimidation est relancé à l'Assemblée nationale

Publié le 30 novembre 2011 à 13h49 | Mis à jour le 01 décembre 2011 à 08h29

La ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, reconnaît que les institutions ont «une responsabilité» concernant l'intimidation.

Photo: Jacques Boissinot, PC

Paul Journet
La Presse

(Québec) Le suicide de Marjorie Raymond relance le débat sur l'intimidation dans le milieu scolaire. Le Parti québécois demande à la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, d'améliorer son plan d'action contre l'intimidation.

Marjorie Raymond, 15 ans, s'est enlevé la vie lundi. Photo tirée de Facebook

Ce plan date de 2008. Il est appliqué dans les 69 commissions scolaires conventionnelles du Québec, y compris celle que fréquentait l'adolescente de 15 ans. Son coût total annuel est d'environ 6 millions de dollars. Sa gestion est décentralisée pour que chaque commission l'adapte selon ses besoins. En avril dernier, la ministre Beauchamp a promis de le bonifier. Selon un sondage de la Centrale des syndicats du Québec, le plan d'action avait peu d'impact sur le terrain.

Pauline Marois, chef du Parti québécois, croit que le drame en fournit une autre preuve. «L'école a été informée, il y a eu des interventions des parents, mais cette jeune fille a continué d'être intimidée», rappelle-t-elle.

Mme Beauchamp reconnaît que les institutions ont «une responsabilité». «Je crois qu'il faut trouver une façon de faire en sorte que ceux qui sont en charge, que ce soit dans les écoles, dans les commissions scolaires, dans les directions de protection de la jeunesse, dans nos centres de services sociaux, puissent être capables d'échanger entre eux et d'intervenir quand arrivent des situations comme celle-là», a-t-elle indiqué.

Phénomène complexe

Au-delà du plan, les élus ont reconnu que l'intimidation était un phénomène social complexe, qui concerne les enseignants et les écoles tout comme les jeunes eux-mêmes et leurs parents. «Comme société, il faut s'interroger sur ces problèmes qui se posent pour plusieurs jeunes filles et garçons qui malheureusement se sentent persécutés à un point tel qu'ils ne voient pas d'autre issue que de s'enlever la vie. C'est un drame terrible», a réagi le premier ministre Jean Charest.

«La réponse ne peut pas être uniquement dans les mains d'un professeur ou d'un directeur d'école, a ajouté Mme Beauchamp. Il y a aussi des parents derrière ces jeunes-là. Il faut trouver la bonne façon pour que tout le monde soit impliqué et que ce phénomène cesse.»



La mère se confie à Mon Topo L'intimidation pousse une ado au suicide

Première publication 29 novembre 2011 à 17h49 Mise à jour : 29 novembre 2011 à 22h09

Crédit photo : Courtoisie

Marjorie Raymond s'est suicidée après des années d'intimidation

TVA Nouvelles

En Gaspésie, une adolescente, Marjorie Raymond, 15 ans, s'est suicidée lundi après des années d'intimidation à l'école.

La jeune fille fréquentait l'école Gabrielle-le-Courtois à Sainte-Anne-des-Monts après avoir fréquenté une école à Granby. Ses parents et Marjorie ont déménagé en Gaspésie, il y a trois ans et son intégration au secondaire a été difficile. Dès ses premiers jours en première secondaire, elle a été victime d'intimidation physique et verbale. L'intimidation a continué sans cesse, rendant la vie extrêmement difficile pour Marjorie.

Marjorie répétait souvent à ses parents qu'elle était à bout, incapable de poursuivre ses cours, craignant toujours le prochain incident. Elle a même échoué sa deuxième année au secondaire.



Photo: Facebook

Sa mère, Chantale, qui s'est confiée à Mon Topo, a raconté comment elle a parlé à plusieurs reprises avec la direction de l'école pour faire arrêter l'intimidation, mais à part de courtes suspensions pour certains élèves, rien n'a arrêté le calvaire de Marjorie. «Je lui avais promis de l'envoyer à l'école des adultes à 16 ans, mais elle n'a pas été capable d'attendre», raconte sa mère. Elle croit que la situation a été prise à la légère. «Ce n'était pas juste des guéguerres de filles», estime-t-elle.

La commission scolaire des Chics-chocs n'a pas voulu commenter le suicide, mais confirme qu'une cellule de crise a été mise sur pied et des intervenants seront présents pour aider les jeunes et le personnel. La Sureté du Québec a confirmé que l'intimidation aurait pu contribuer au suicide de Marjori.

Lettre poignante

Lundi, Marjorie a mis fin à sa vie, laissant une lettre de trois pages, expliquant pourquoi ses années d'intimidation étaient à la base de son suicide. Dans la lettre où elle y a griffonné un cœur, elle a demandé pardon à ses parents. «Maman, je suis désolée de ce que j'ai fait. Tu es la meilleure maman au monde. Je vais être ton ange gardien. Ma place est en haut.»

«J'ai de la misère à quitter ce monde, mais je pense que ce sera pour un monde meilleur.»

«C'est la faute de la vie, des gens jaloux qui veulent gâcher notre bonheur», a-t-elle écrit.



Photo: Courtoisie

Sa mère espère maintenant que son message sera entendu et que les écoles et les commissions scolaires agissent avant qu'une autre tragédie se produise. «Il aurait fallu qu'il se passe de quoi, qu'ils fassent quelque chose. Ce n'est pas un coup que c'est fait...là, oui, ils vont agir...Je l'espère. Mais ça aura pris une tragédie pour qu'ils agissent», a affirmé sa mère.

Ne pas banaliser l'intimidation

Jasmin Roy est déconcerté d'entendre qu'une adolescente se soit enlevé la vie après de nombreux incidents d'intimidation. «Ça prouve qu'on manque de ressources, c'est un phénomène très présent», selon Jasmin Roy, de la Fondation Jasmin Roy contre l'intimidation.

Il ajoute que près de 10% de la population étudiante est victime d'intimidation chaque jour, et que de 30 à 60 % des jeunes vivent l'intimidation au moins une fois par année.

Une intervention rapide est nécessaire dans tous les cas, ajoute M. Roy. «Il ne faut pas banaliser ça, c'est sérieux».

«On sent que la direction a été interpellée, on a l'impression que les parents n'ont pas fait leur job. Mais, ils n'ont pas eu d'écoute.»

Vives réactions sur Facebook

À 21h, plus de 3000 personnes suivaient la page Facebook, «Une pensée pour Marjorie Raymond» et plusieurs y ont écrit des messages de sympathie. Plusieurs personnes se désolent que l'intimidation a poussé Marjorie à s'enlever la vie.

«Voilà où apporte l'intimidation... Je souhaite que CELLEs et CEUx qui ont fait tout ça réfléchirons à leurs gestes et paroles. Je souhaite à la famille et aux proches de Marjorie mes plus sincères condoléances... triste», écrit une internaute, Annie Pelletier.

«Que ce soit reconnu ou non, c'est un meurtre involontaire de la part des intimidateurs. Tant qu'à moi, des sanctions beaucoup plus graves devraient être implantées pour ces jeunes qui s'adonnent à ce genre de comportements», croit Vincent Francoeur.

«J'espère sincèrement que des mesures seront prises dans toutes les écoles afin de sensibiliser les jeunes face aux conséquences de l'intimidation. Déjà en première année ma fille a été taxée durant plusieurs semaines et il a fallu crier fort auprès de la direction pour que des mesures soient prises. Vraiment, je suis ébranlée par cette situation», raconte Nathalie Bolduc.

Pascale Legendre se demande quand le problème d'intimidation sera enfin pris au sérieux. «Un problème qui touche les jeunes et leurs familles mais aussi les commissions scolaires, qui, visiblement ne sont pas en mesure de stopper l'intimidation dans leurs propres écoles. Peut-être qu'un jour l'indignation sociale et humaine envers ce type de comportement aura atteint un niveau assez haut pour qu'on s'y attaque une fois pour toute.»

Julie Pringle écrit: «Ça me désole que notre monde soit si cruel... attendez pas qu'un autre enfant fasse la même chose pour agir... partagez cette page pour que les choses changent».

Annie Roy ajoute: «Ton message fait déjà du chemin Marjorie, tu nous laisses dans nos mains le pouvoir de changer les choses. On ne te connaissait pas mais maintenant tu es là dans nos cœurs pour combattre l'intimidation.»



Violence à l'école: le PQ demande un plan d'action bonifié

Publié le 16 novembre 2011 à 08h28 | Mis à jour le 16 novembre 2011 à 08h28

 

Vincent Gauthier
Le Nouvelliste

(Trois-Rivières) Les tristes événements survenus à l'école secondaire l'Escale de Louiseville ont résonné jusqu'à l'Assemblée nationale, hier après-midi, alors que le député péquiste Sylvain Gaudreault a une fois de plus interpellé la ministre Line Beauchamp afin qu'elle bonifie son plan d'action pour lutter contre la violence à l'école.

«Une agression grave a eu lieu à l'école l'Escale de Louiseville. Il s'agit d'un geste qu'il faut dénoncer et évidemment qu'il faut regretter. Mais, nous sommes obligés de constater que la ministre refuse toujours de revoir son plan d'action, de le bonifier en vue de donner les ressources adéquates aux écoles pour prévenir de tels gestes inqualifiables», a lancé le député de Jonquière.

«Je veux bien, là, que ce soit un cas isolé, mais c'est un cas de trop. Visiblement il y a des acteurs dans le milieu de l'éducation qui ne se sentent pas en confiance avec le plan actuel de la ministre. Elle l'a déjà elle-même reconnu qu'il faut le bonifier. Maintenant, on veut savoir quand», a ajouté M. Gaudreault.

En réponse, la ministre de l'Éducation a surtout tenu à souligner l'efficacité du plan d'action déployé à l'Escale lors de cette situation d'urgence.

«Je tiens à souligner que l'école, et la Commission scolaire Chemin-du-Roy, ont mis en place les éléments proposés par le plan d'action du gouvernement, et ça fait notamment en sorte que l'équipe-école était prête avec un plan de gestion de crise. Les jeunes concernés dans l'école ont quand même été bien pris en charge», a mentionné Mme Beauchamp, tout en offrant son soutien à la victime ainsi que sa famille.

«Je veux ici offrir tout notre témoignage de solidarité au jeune qui a été attaqué puis à sa famille. L'événement, il est grave puis il est bouleversant».



Attaque au couteau à l'école: l'ado envoyé à Pinel

Publié le 23 novembre 2011 à 07h11 | Mis à jour le 23 novembre 2011 à 07h11

 
  

L'adolescent de 15 ans, qui aurait poignardé un élève de l'école secondaire L'Escale à Louiseville, sera conduit à l'Institut Philippe-Pinel à Montréal afin de subir une évaluation psychiatrique.

Photo: Émilie O'Connor

Nancy Massicotte
Le Nouvelliste

(Trois-Rivières) L'adolescent de 15 ans, qui aurait poignardé un élève de l'école secondaire L'Escale à Louiseville, sera conduit à l'Institut Philippe-Pinel à Montréal afin de subir une évaluation psychiatrique.

Au terme de l'enquête sur détention qui s'est tenue hier devant le Tribunal de la jeunesse, le juge Daniel Perreault a opté pour la prudence dans les circonstances.

Avant de décider s'il le remettait ou non en liberté, il a réclamé une évaluation d'un maximum de 30 jours visant à obtenir plus d'informations sur le risque de récidive. Le juge devrait donc rendre une décision le 19 décembre lorsque l'adolescent sera ramené en cour.

Dans cette affaire, la procureure aux poursuites criminelles et pénales, Me Martine Tessier, s'objecte en effet à la remise en liberté du prévenu en raison de la violence de l'infraction. «J'ai des craintes pour la sécurité du public et de la victime», a-t-elle déclaré.

Pour sa part, Me David Guévin, à la défense, réclame la remise en liberté de son client en plaidant que des personnes dignes de confiance, en l'occurrence ses parents, sont prêts à le prendre en charge et que le risque de récidive n'est pas marqué.

Hier, l'enquête sur détention a d'ailleurs permis d'en apprendre un peu plus sur le drame survenu à la place d'accueil.

L'enquêteur Michel Hamel de la Sûreté du Québec a entre autres expliqué que le matin du 14 novembre, le prévenu s'est rendu à l'école avec un couteau de cuisine dans les poches. Il serait allé voir la victime, âgée de 16 ans, qui était assise près des casiers.

Selon les nombreux témoins (26 ont été rencontrés par la police dont 11 témoins directs), l'adolescent avait le visage blanc et semblait «crinqué.» Il se serait adressé à la victime en lui disant: «Tu ne me diras plus jamais de me tuer.»

Après une courte bousculade, le suspect aurait sorti son couteau et l'aurait poignardé à quatre reprises, soit au visage, dans les côtes, au thorax et sur l'épaule. La victime s'est ensuite écroulée par terre, ensanglantée. L'agresseur a pour sa part été maîtrisé par trois autres élèves et un surveillant avant d'être conduit dans un local à part. Il n'a offert aucune résistance.

Or, la preuve de la Couronne tend à révéler que le geste était prémédité. La veille, l'adolescent avait écrit sur sa page Facebook que la vengeance est un plat qui se mange froid, ce à quoi son père a répondu que «la vengeance apporte de la merde et que ça, c'est chaud.»

Le matin de l'agression, l'accusé avait écrit: «Attention, il se peut que je ne sois plus sur Facebook alors posez-vous pas de question; today is rainning blood.»

Qui plus est, une fouille de sa case et de ses effets personnels a permis de découvrir des dessins pour le moins troublants dans son agenda scolaire.

On peut notamment y voir le mot vengeance écrit en lettres rouges et de nombreuses scènes de violence mettant en scène un bonhomme allumette qui en frappe un autre avec un bâton ou un couteau.

La victime a frôlé la mort

Quant à la victime dans cette affaire, notons qu'elle a échappé de près à la mort, selon la SQ. L'adolescent a non seulement eu le poumon perforé mais son aorte a été touchée par le couteau, ce qui a nécessité une intervention d'urgence. Les médecins ont également dû lui enlever la rate.

Après avoir passé quelques jours dans un centre spécialisé de Québec, il a été ramené hier au CHRTR où il est toujours hospitalisé. Les enquêteurs n'ont pas encore été en mesure de le rencontrer pour avoir sa version des faits compte tenu de son état de santé.

Un conflit en escalade

Le motif de cette agression serait un conflit entre le suspect et la victime qui aurait dégénéré au cours des jours précédant l'agression.

Outre certains gestes d'intimidation commis à son endroit, l'accusé n'aurait pas apprécié que la victime ait un béguin pour une élève de l'école. Selon l'enquêteur de la SQ, Michel Hamel, il n'était pas en amour avec celle-ci mais il était frustré qu'un autre jeune homme la flirte. Il se serait même empressé de contacter l'ami de cœur de celle-ci pour l'informer de la situation.

Or, la présumée victime n'a pas apprécié au point où elle aurait conseillé à l'accusé «de ne pas se manquer la prochaine fois», ce qui aurait mis le feu aux poudres. De toute évidence, ce jeune homme savait que l'adolescent avait déjà fait des tentatives de suicide dans le passé et qu'il s'automutilait. L'accusé a en effet été hospitalisé en psychiatrie à l'Hôpital Sainte-Justine pendant trois à quatre semaines au printemps dernier. Il a été diagnostiqué bipolaire et contraint à prendre du lithium. Le hic est que l'adolescent a cessé de prendre cette médication en juillet dernier en raison des effets secondaires.  

En vertu d'une ordonnance de non-publication demandée par l'avocat de la défense Me David Guévin, il nous est cependant impossible de révéler le contenu des témoignages livrés hier par l'adolescent et sa mère dans le cadre de l'enquête sur détention.

Rappelons que l'accusé est accusé de tentative de meurtre, voies de fait armées et voies de fait graves devant le Tribunal de la jeunesse.



Violence à l'école: le plan d'action sera bonifié, promet la ministre Beauchamp

Publié le 07 avril 2011 à 16h27 | Mis à jour le 07 avril 2011 à 21h27

La ministre Line Beauchamp a tenu à réagir jeudi au sondage dévoilé par la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), qui démontre que le phénomène de la cyberintimidation a pris de l'ampleur depuis trois ans.

Photothèque Le Soleil, Patrice Laroche

Daphnée Dion-Viens
Le Soleil

 

(Québec) Le plan d'action pour lutter contre la violence sera bonifié, promet la ministre Beauchamp.

La ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, reconnaît que le plan d'action pour lutter contre la violence à l'école est «imparfait» et promet de le bonifier, financement à l'appui.

Mme Beauchamp a tenu à réagir jeudi au sondage dévoilé par la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), qui démontre que le phénomène de la cyberintimidation a pris de l'ampleur depuis trois ans. Selon cette enquête, le plan d'action gouvernemental pour lutter contre la violence dévoilé en 2008 a eu peu de conséquences sur le terrain.

«J'ai bel et bien l'intention qu'on puisse reconduire ce plan-là en continuant à y injecter des fonds», a affirmé jeudi la ministre Beauchamp en entrevue au Soleil, répondant ainsi favorablement aux demandes de la Centrale syndicale.

Mieux intervenir

Line Beauchamp s'engage par ailleurs à «bonifier» les mesures mises en place. «Je veux être à l'écoute des différentes propositions. La cyberintimidation est vraiment un phénomène sur lequel on va devoir se pencher encore plus pour voir comment les différents intervenants peuvent mieux intervenir», a-t-elle ajouté.

S'il lui est difficile pour l'instant d'expliquer pourquoi la première phase du plan d'action - prévue jusqu'en 2011 - n'a pas produit les résultats espérés, Mme Beauchamp promet qu'elle «posera des questions». «Je vais vouloir savoir si l'argent est investi au bon endroit avec un maximum d'efficacité», affirme-t-elle.

De son côté, le Parti québécois a dénoncé jeudi le «laxisme» de la ministre Beauchamp, qui n'a pas réussi à mettre en place efficacement ce plan d'action, affirme-t-on.